Au coup de sifflet final, le staff du XV de France a exulté dans les gradins. L’Anglais Shaun Edwards, pourtant si peu expressif en temps normal, a serré dans les bras ses collègues: sa science de la défense, si précieuse tout au long de la compétition, a été l’une des clefs du succès tricolore.
Que la pression était énorme! A la mesure de l’attente, le dernier Grand Chelem remontant à 2010.
Après la victoire bonifiée de l’Irlande face à l’Ecosse (26-5), le XV du Trèfle avait pris la tête provisoirement du classement, avec trois points d’avance sur les Bleus.
Plus aucun scénario alambiqué ne tenait du coup: il fallait l’emporter absolument. Et pour le titre, et pour le dixième Grand Chelem.
Le ton était donné dès le coup d’envoi, avec une « cérémonie » d’ouverture de cette « finale » du Tournoi tant attendue face aux meilleurs ennemis des Français, avec un Stade de France à guichets fermés (79.176 spectateurs), chauffé à blanc, avec drapeaux des deux nations, force feu d’artifice, « Marseillaise » a capella et applaudissements à tout rompre.
Chelemards à vie
Il faut dire que l’attente du public était énorme: tous les billets de la rencontre avaient été vendus au lendemain de la victoire historique des Bleus face aux All Blacks le 20 novembre (40-25).
C’est dire si le public en voulait. Avoir vu la victoire contre la Nouvelle-Zélande l’avait mis en appétit, une impatience dont les Bleus avaient conscience, insistant toute la semaine sur le plaisir d’avoir à nouveau le soutien de leurs supporters.
« On est content qu’il y ait de l’attente. Avant, on râlait parce qu’on n’était pas soutenu, parce qu’on était beaucoup critiqué. Là, on se sent soutenu par nos supporteurs, avec une ambiance assez incroyable donc pourvu que ça dure », avait confié dans la semaine le centre Gaël Fickou, auteur d’un essai samedi soir.
Pression du public mais aussi pression du résultat.
Les Bleus de Fabien Galthié, après avoir terminé leurs deux précédents Tournois, ne pouvaient se contenter de finir une nouvelle fois à cette place, si frustrante.
« Ces joueurs ont une expérience collective maintenant, ils ont grandi depuis deux ans. Nos défaites nous ont appris, nos deuxièmes places dans la compétition nous ont appris énormément », avait lancé Fabien Galthié jeudi, à l’annonce de la composition de l’équipe qui allait affronter le XV de la Rose.
Il fallait gagner, à tout prix, et sans se laisser « submerger par la pression », avait prévenu Antoine Dupont vendredi, après l’entraînement du capitaine.
« On a bien conscience de ça mais nous, moi en tous les cas, on a envie d’écrire notre histoire », avait ajouté le demi de mêlée, désireux d’ajouter le nom de son pays au bas du trophée du Tournoi.
Et l’histoire, ils l’ont écrite!
Ils sont désormais des Chelemards, au même titre que leurs glorieux prédécesseurs: leur sélectionneur mais aussi le manager Raphaël Ibanez et l’entraîneur des avants William Servat ou encore Émile Ntamack, Fabien Pelous, Olivier Magne, Guy Cambérabéro, Serge Blanco, Jacques Fouroux, Jean-Pierre Rives, Mathieu Bastareaud, Jo Maso, Abdelatif Benazzi, Pierre Berbizier…
Et ce titre, il l’ont à vie.
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