François Hollande et Bernard Cazeneuve ont été interrogés ce lundi après-midi par la cour d’assises spéciale qui juge l’attentat du 14-Juillet à Nice.
« Bonjour M. le président. » « Bonjour M. le président. » Près d’un an après, le début de l’audition de François Hollande par la cour d’assises spéciale de Paris débute de la même manière. Comme pour les attentats du 13-Novembre, l’ancien président de la République estime que ce soir du 14 juillet 2016, où Mohamed Lahouaiej Bouhlel a commis un attentat, « tout avait été fait » pour limiter les risques.
« Tous les effectifs disponibles étaient là, comme dans toutes les grandes villes de France où il y avait des feux d’artifice », a insisté François Hollande. « Tout avait été mis en place, comme partout. »
Après la vague d’attentats connue par la France en 2015, l’État français savait que le mode opératoire des jihadistes avait évolué. « L’État islamique avait subi des pertes élevées en 2016, ses moyens d’action en partie étaient entravés », constate l’ancien président. « Nous redoutions les actes de personnes isolées pas forcément appuyées par une organisation. Des personnes qui pouvaient commettre des attentats par des actes abominables. »
« Nous redoutions les actes de personnes isolées »
Si les autorités étaient au courant de cette menace endogène, pourquoi avoir maintenu les grands événements en France? Pourquoi avoir organisé la COP21 du 30 novembre au 12 décembre 2015? Pourquoi avoir laissé jouer l’Euro 2016 sur le territoire français? Pourquoi avoir laissé se tenir les festivités le soir du 14 juillet 2016? Ces questions, ce sont celles des parties civiles qui ont souhaité entendre le président de la République de l’époque.
« Il avait été convenu de continuer à vivre, s’eut été de céder à la menace terroriste de ne plus sortir dans les bars ou les salles de concert », tranche François Hollande. Et d’ajouter: « Nous aurions pu supprimer toutes les fêtes locales, personne ne l’a demandé. Nous considérions tous que c’était le signe que nous pouvions continuer à vivre »
François Hollande, qui reconnaît un « échec », rappelle que les acteurs locaux s’étaient associés à ces décisions. Le maire de Nice Christian Estrosi va d’ailleurs être entendu le 20 octobre par la cour d’assises. « Est-ce qu’on avait les moyens d’assurer la sécurité à Nice? La réponse a été oui, ensemble », insiste-t-il. Pour le détail, il faut se rapporter aux déclarations de Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur de l’époque: « Les événements ne pouvaient pas se dérouler sans qu’un ensemble de précautions soit pris », a-t-il rappelé.
« Le dispositif de sécurité a été proposé par le directeur départemental de la sécurité publique en concertation avec la directrice de la police municipale au cours de quatre réunions », détaille-t-il assurant de vouloir « la plus grande transparence ».
Un dispositif policier supérieur à celui de 2015, selon Cazeneuve
La question du nombre d’effectifs déployés et du dispositif de sécurité est d’autant plus importante qu’une information judiciaire sur les conditions de sécurisation de l’événement a été ouverte en parallèle, alors qu’une controverse était née au lendemain de l’attentat. La ville de Nice estimant que les effectifs policiers n’étaient pas suffisants.
Selon Bernard Cazeneuve, « 64 effectifs de la police nationale étaient mobilisés sur le périmètre de la Prom Party ». Un chiffre, auquel il faut ajouter les hommes de la police municipale, en hausse de « 20% par rapport à celui des policiers nationaux mobilisés l’année précédente ».
Ce constat chiffré va à l’encontre des témoignages des victimes qui, depuis plusieurs semaines, assurent que le dispositif de sécurité était peu apparent, comparé à celui qui avait été mis en place quelques jours plus tôt pour les rencontres de l’Euro 2016 ou sur la fan zone. « Y avait-il eu un relâchement? », s’interroge un avocat. « On ne leur avait pas permis un relâchement », martèle l’ancien ministre.
« Cette différence de perception s’explique par le fait que les deux événements n’étaient pas de même nature », poursuit l’ancien ministre de l’Intérieur. « Quand vous sécurisez une fan zone, vous sécurisez un espace clos. »
Fallait-il installer des blocs de béton à l’entrée de la promenade des Anglais pour prévenir un attentat de ce type, questionne le président de la cour d’assises? « Les forces de sécurité ne raisonnent pas en sachant ce qu’il va se passer, mais en fonction de toutes les hypothèses, il était indispensable que les secours puissent intervenir, que les patrouilles mobiles puissent circuler, et de ne pas enfermer les individus en les empêchant de circuler », détaille Bernard Cazeneuve.
Et de trancher, citant un rapport: « Il aurait fallu un dispositif beaucoup plus robuste que des blocs de béton pour empêcher cette intrusion. »
Article original publié sur BFMTV.com
VIDÉO – François Hollande et Bernard Cazeneuve ont été interrogés ce lundi après-midi par la cour d’assises spéciale qui juge l’attentat du 14-Juillet à Nice