Peindre l’éphémère dans le ciel

Aux manettes du feu d’artifice à 360° dans la citadelle, Christian Grimaud, de l’entreprise Mille Feux. Il définit l’artificier comme « un peintre du ciel » ou « un peintre de l’éphémère ». Sauf que ce ne sont pas des pots de peinture que Christian et son équipe installent tout autour de la citadelle, mais bien des explosifs. « Je n’aime pas parler de la technique, elle n’est qu’un biais pour créer le rêve », insiste ce passionné. Selon lui, « l’attirance pour le feu est inscrite dans nos gènes, depuis le jour où l’homme préhistorique est sorti de sa condition animale en découvrant les flammes. » Quand le public fait « wahou », Christian est comblé.

C’est l’émotion que Christian veut faire naître ce jeudi. Avec l’aide de huit autres artificiers, il a commencé à installer son matériel dès hier matin. « Seulement la matière inerte », explique-t-il, car la citadelle était encore ouverte au public.

Plan dans une main, script dans l’autre, Christian prépare une prouesse technique. Alors que plus de 300 départs de feux se feront tout autour de la citadelle, les spectateurs admireront l’ensemble de l’intérieur, sur l’esplanade. Plus les chandelles et autres bombes sont proches du public, moins elles sont puissantes, afin de respecter les normes de sécurité.

  • Magie orchestrée

Une expérience nouvelle pour les spectateurs : « On leur donne la possibilité de vivre la même chose que nous, quand nous sommes au milieu du feu. » Si la magie opère, les effets resteront comme « suspendus dans le ciel », parce l’air chaud resté au cœur des murs de la citadelle fait monter les feux.

En amont, l’artificier a travaillé sur une bande-son de Duke Ellington pour ce spectacle intitulé « Jazz en feux ». Il fait correspondre couleurs et sonorités. « Telle note, tel effet », résume-t-il. Un travail de maître d’orchestre nécessaire à l’harmonie de l’ensemble. Pour lui, « un feu d’artifice, ça s’écrit ». Christian y pense depuis février et ne vit que pour ce spectacle depuis plus d’une semaine. « On s’est creusé la tête, parce qu’il n’y a pas d’envolée chez Duke Ellington, c’est difficile à mettre en feu d’artifice. »

N’y a-t-il aucun risque pour cette citadelle, bâtie au XVIIe siècle ? « Elle a été construite pour recevoir des boulets », affirme Christian dans un sourire. Malgré tout, les produits utilisés sont évidemment choisis en fonction du site. Avec humour, Christian insiste : « Cela fait dix ans que je crée des spectacles ici et je n’ai pas encore dégradé le fort ! »

Pratique : « Ellington French Touch », concert de Laurent Mignard Duke Orchestra et Nicole Rochelle et spectacle pyrotechnique. À 21 heures sur l’esplanade de la citadelle du Château d’Oléron. Tarifs : 6 euros, gratuit pour les moins de 12 ans. Renseignements au 05 46 47 60 51.

Les commentaires sont fermés.