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Le spectacle ne commence qu’à 22 h 45, mais il est déjà difficile de se faufiler entre les chaises et serviettes disposées sur le sable. Les habitués, comme le jeune Tadé, originaire de Saint-Sébastien, savent qu’il faut anticiper pour trouver une place. Serviette pour le confort, film lancé sur son ordinateur pour l’attente et en-cas pour le dîner, il a prévu son coup.
Pour ce garçon de 22 ans, comme pour tous les natifs, le concours de feu d’artifice est un rendez-vous incontournable : « Si on est né à Saint-Sébastien, on vient toujours avec la famille quand on est petit, puis avec les amis quand on grandit. C’est un événement très important. » Même son de cloche du côté de Naiara Moso, 42 ans : « Je ne manque pas un spectacle de la semaine, même quand je travaille à 7 heures le lendemain. »
Transport du matériel difficile
Ce mardi soir, c’est au tour de la compagnie San Miguel, venue tout droit de Grande Canarie, de faire ses preuves. Ramon Martel, le gérant de l’entreprise et artificier, se montre un peu nerveux avant le spectacle, mais surtout « super excité pour ce soir ».
Si la compagnie a déjà participé à des concours internationaux, les occasions restent rares, car ils vivent sur une péninsule. « On est assez isolés, donc le transport du matériel est difficile », explique Ramon Martel. Pour arriver jusqu’à Saint-Sébastien, il leur a fallu pas moins de trois jours, car le voyage se fait par cargo.
« On va faire de notre mieux pour pouvoir revenir l’année prochaine », assure le gérant tout sourire. En effet, le vainqueur du concours reçoit la fameuse Concha de oro (Coquille d’or), qui lui vaut une invitation pour l’édition suivante. C’est l’Italie qui a remporté la dernière compétition il y a trois ans, car « ils font beaucoup de bruit, et le public aime le bruit », s’amuse Laura Ferreiro.
Concurrence féroce
22 h 45. Une grande détonation ramène le silence. Le public, bouche bée, voit s’écouler sur lui une pluie d’étoiles dorées. Tous lèvent les yeux vers le ciel, où débute le spectacle tant attendu. Deux minutes seulement après la première explosion, le ciel est déjà constellé de lumières rouges, vertes, blanches et bleues.
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Les enfants se bouchent les oreilles, les plus grands lancent des cris d’approbation. On croit déjà au bouquet final, alors que ce n’est que le début. Pendant vingt minutes, le ciel ne cesse de s’illuminer et les feux résonnent de plus en plus fort dans la baie de la Concha. Quand finalement l’obscurité revient et le silence avec, la foule se lève enfin et applaudit de toutes ses forces ceux qui ont rendu ce moment de grâce possible.
Le spectacle était bluffant, mais San Miguel fait face à des concurrents de taille. Entre autres, la compagnie Martí dont le feu d’artifice a été tiré la veille. L’entreprise a participé au spectacle du 14 Juillet à Paris : « Vous voyez les feux d’artifice bleu-blanc-rouge tirés lorsque l’orchestre a entamé la Marseillaise ? Eh bien c’était nous », confie le gérant Carlos Martí, plus tôt dans la journée, pas peu fier.
Trois jurys
Pour Naiara Moso, celui de ce soir était tout de même le plus beau depuis le début de la semaine. « On n’avait jamais le temps d‘applaudir, les feux ne s’arrêtaient pas d’exploser », observe-t-elle, émerveillée. Une chance pour San Miguel, car le public fait partie des trois jurys qui sélectionnent le vainqueur. Il s’ajoute au jury de professionnels et à celui des jeunes de 16 à 25 ans.
Pour la Ville, qui débourse 354 000 euros dans la logistique de la compétition, accueillir cet événement est une grande opportunité : « Il est dans le top 5 des concours internationaux ! », affirme Laura Ferreiro. Chaque soir, pas moins de 100 000 personnes viennent spécialement pour le spectacle. Et chaque soir, que ce soit pour la première ou la millième fois, tous repartent avec des étoiles plein la tête.