« On est en train de tuer la profession », le cri d’alarme de Brézac artifices

Au Fleix, la situation est catastrophique selon Brézac Artifices

Un feu d’artifice pour le 14 juillet ? L’idée peut sembler bien lointaine, à peine rouvertes les portes des cafés et restaurants. Et pourtant, « la profession est en colère », relaie Guillaume Camboulive, patron de Brézac artifices, PME de 45 salariés basée au Fleix, près de Bergerac (Dordogne).

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C’est peu dire que les festivités pyrotechniques du 14 Juillet se présentent assez mal.

Avec le coronavirus, les traditions s’en prennent plein la figure. Après le 1er mai (vente à la sauvette interdite, etc.), c’est le 14 juillet qui semble devoir faire les frais de l’épidémie. Plus précisément les feux d’artifice qui embrasent le ciel de nos communes le 13 au soir.

Au Fleix, l’entreprise Brézac Artifices au Fleix en Dordogne est pratiquement totalement à l’arrêt depuis mars dernier. Les activités n’ont pas repris malgré la phase 2 du déconfinement annoncée ce mardi 2 juin. La situation est catastrophique pour les artificiers et l’événementiel en général selon Guillaume Camboulive, président et directeur général de l’entreprise périgourdine.

À écouter Patrick Schönbächler, artificier depuis vingt ans, les « oh la belle bleue ! » risquent fort de se faire rares cette année. Avec sa société (Patrick Artifices, basée à Creney-près-Troyes), il réalise « les plus grands feux d’artifice du département ». Environ « 120 à l’année », dont les trois quarts les 13 et 14 juillet. Chaque veille de fête nationale, avec son équipe, il en tire « vingt-cinq ». Pour les feux de « moyenne importance », il a formé des artificiers dans les communes.

« Les spectacles pyrotechniques représentent 50 % de mon chiffre d’affaires », précise le chef d’entreprise, qui dirige deux autres affaires (L’Usine du Cadre et Patrick Décoration). C’est dire la taille de l’épée de Damoclès économique qui oscille au-dessus de sa tête.

Tous les feux d’artifices de l’été sont annulés pour le moment. Brézac artifices, leader dans son domaine en France, avait 1.500 manifestations prévues, principalement entre le 13 juillet et le 15 août. Elles s’annulent les unes à la suite des autres faute d’autorisation par le gouvernement. Les feux d’artifices de l’été représentent 80% du chiffres d’affaires de l’entreprise.

brezac artifices

L’incompréhension et la colère de la profession

Guillaume Camboulive se fait le relais d’une colère exprimée par l’ensemble de la profession. Il ne comprend pas pourquoi le gouvernement autorise à nouveau les parcs d’attraction mais pas les petits feux d’artifices avec les mesures sanitaires. Ces « petits feux d’artifices » représentent l’essentiel des commandes de Brézac Artifices.

Le dirigeant de Brézac Artifices explique avoir mis ses salariés au chômage partiel. Une activité a minima est maintenue pour le suivi des clients et pour la réception de produits. Il faudra quatre ou cinq ans pour résorber les conséquences de cette crise selon le président directeur général.

Vers un report du premier Pyro’Festival

Rien à ce jour n’est encore acté. Mais on se dirige clairement vers un report du premier Pyro’Festival, prévu samedi 3 octobre.

Ce « projet unique et ambitieux », se voulant à la fois « spectaculaire et convivial », a été imaginé par Julien Stoltz, de la société Brezac Artifices (basée en Dordogne), en partenariat avec Aude Gillier, responsable du Domaine de Vermoise, à Sainte-Maure, le « cadre idéal (de 3 hectares) » pour accueillir du public (5 000 personnes attendues). Au programme de 19 h à 1 h du matin : un grand show pyromusical en trois actes… C’est-à-dire avec trois feux d’artifice. Un spectacle pour « toute la famille » conçu par cet artificier dont des milliers de spectateurs ont déjà pu apprécier le savoir-faire le 14 juillet 2019 à Saint-Julien-les-Villas.

À la mi-mai, « nous n’avons pas pris de décision. Nous attendons de connaître les mesures gouvernementales. Mais nous avons peu d’espoir », indique Aude Gillier, qui ajoute : « C’est la première édition. Nous n’avons pas droit à l’erreur. »

On s’en doute, incertitudes et complications s’additionnent. « Nous ne savons même pas si les gens auront envie de sortir à ce moment-là. Pour l’heure, nous n’avons vendu qu’un nombre limité de billets  », confie-t-elle. Il faut également prendre en compte la question des autorisations : «  Une route devra être fermée. Et la préfecture doit nous donner le feu vert des semaines à l’avance.  » Enfin, il y a les problèmes liés à la participation des entreprises (espace VIP). Laquelle, dans la conjoncture économique post-confinement, relève de l’aléatoire.

En tout état de cause, « il vaut mieux reporter que se lancer dans l’inconnu », conclut Aude Gillier.

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