Reconnu comme chef-d’œuvre du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco en 2003, le carnaval de Binche, en Belgique, est l’un des plus beaux exemples de tradition vivante en Europe.
Le carnaval de Binche, en Belgique, consiste à fêter les jours qui précèdent le carême, une période de jeûne de quarante jours avant Pâques, instituée dans la religion catholique. Son origine remonterait à la fin du XIVe siècle. C’est l’un des plus anciens carnavals de Belgique. Dès 1795, l’empereur Napoléon veut interdire le port du masque lors des carnavals. Les habitants de Binche, province du Hainaut, en région wallonne, se révoltent et décident d’arborer un masque ainsi qu’un costume de Gille, un personnage de théâtre, haut en couleur.
Le jour de Mardi gras, marquant l’entrée dans le carême, près d’un millier de Gilles revêtent des habits chamarrés et des masques de cire en déambulant dans Binche. Plusieurs hypothèses ont été émises pour expliquer les origines de ce carnaval. La dénomination de ce personnage viendrait du prénom espagnol « Gil », et remonterait à la période des conquistadors, lorsque l’Espagne occupait les Pays-Bas au XVIe siècle, ce prénom était très courant alors. La tenue du personnage du carnaval serait inspirée des costumes des Incas qui participaient aux festivités données par Marie de Hongrie, Infante d’Espagne, en 1549, pour accueillir Charles Quint.
Le costume du Gille
Le costume du Gille respecte des caractéristiques très codifiées. Il se compose d’une blouse et d’un pantalon en toile de jute, brodés de 150 motifs héraldiques en feutrine noire, jaune et rouge aux couleurs du drapeau belge. La blouse est rembourrée de paille, devant et derrière, et une large collerette plissée de dentelle s’ajuste sur le cou. La grosse ceinture, brodée de clochettes, retient le tout. Un bonnet blanc, de coton, est surmonté par l’étrange et immense coiffe, faite de plumes d’autruche et pesant entre 3 et 4 kilos. Le Gille porte des sabots de bois.
Son masque, qui a fait l’objet d’un dépôt auprès de l’Office européen des brevets, en 1985, pour son procédé de fabrication unique, est une toile de cire, décorée de lunettes, d’une barbichette, d’une moustache et de favoris. Le petit bouquet de rameaux secs et le panier remplis d’oranges, qui sont distribuées, sont aussi des attributs traditionnels. Il ne peut être porté qu’à Binche et uniquement par les Gilles. N’est pas Gille qui veut : pour faire partie du carnaval, il faut résider dans la cité du Hainaut depuis au moins cinq ans.
Les festivités avant le carnaval de Binche
Le carnaval de Binche comporte deux temps forts. Les fêtes précarnavalesques commencent six semaines avant les « jours gras ». C’est un temps de répétition pour les sociétés qui y participent. Les tambours entrent en scène les deux premiers dimanches, suivis des « soumonces » (tambours et danses) les deux suivants, et enfin des cuivres les deux derniers. Pendant cette période, différents bals sont également organisés. Six jours avant le carnaval de Binche, les habitants peuvent sortir masqués. Ce sont les « trouilles de nouilles ».
À savoir
Le carnaval de Binche à proprement parler dure trois jours. Le dimanche gras est l’occasion de voir toutes les sociétés de Gilles défiler dans leurs costumes dont certains ont parfois nécessité une année de préparation. Le lundi gras est le jour des enfants. Le jour le plus attendu est le Mardi gras. Les sociétés de Gilles sont alors rejointes par d’autres personnages, l’Arlequin, le Pierrot, le Paysan, la Femme de Gille, les Marins, déambulant dans la ville jusqu’au soir, moment où tous les habitants sont réunis pour un magnifique feu d’artifice à l’hôtel de ville.