Feux d’artifice tirés sur l’Océan : quid de la pollution

En ce 15 août 2010, la Ville de Biarritz où je vis s’apprête à tirer un feu d’artifice « somptueux ». Le spectacle pyrotechnique sera mis en scène par David Proteau qui nous promet des effets spéciaux avec des palmiers dorés, des flashs dorés scintillants, des mille-fleurs, des bombes araignées, des bombes fantômes, des bombes italiennes studata… Ces gros pétards luminescents auront l’avantage de colorer de mille feux l’océan pour le plaisir des enfants et des estivants ébahis. Mais il semblerait que pour produire les belles couleurs des feux d’artifice, des produits chimiques potentiellement toxiques soient utilisés. Produits chimiques qui se disperseront ensuite dans l’air et atterriront dans l’eau de mer.

En allant glisser en stand-up paddle au large de la Grande Plage de Biarritz ce matin (par drapeau rouge pour fermeture préventive liée à la pollution marine causée par les pluies) je me suis posé une question : quel est l’impact environnemental d’un feu d’artifice ? Ce que j’ai pu lire sur la Toile n’est pas fait pour me rassurer.

On apprend ainsi que pour un feu d’artifice tiré en Allemagne, il avait été calculé que les émissions de C02 issues des combustions équivalaient à 550 vols Munich-New York (2300 tonnes de CO2 pour 10000 tonnes d’explosifs). Bonjour le bilan carbone… Sans compter le transport pour amener ces tonnes d’explosifs sur place…

Pour créer les couleurs, les artificiers utilisent des produits chimiques comme le strontium, le baryum, la poudre de titane, d’aluminium, le nitrate de sodium… Il semblerait néanmoins que la plupart des sels métalliques utilisés dans les feux se consument avant de toucher l’eau. Mais seules des analyses chimiques de l’eau réalisées juste après le spectacle permettraient de l’affirmer.

Le risque principal pour la santé des personnes lors d’un feu d’artifice est le vent. Celui-ci peut en effet déplacer des fumées concentrées en produits toxiques vers les spectateurs qui peuvent inhaler cet air surchargé en particules fines. Il existe aussi un risque de brûlure si les débris incandescents retombent sur les spectateurs. Je me souviens avoir soigné une petite fille victime d’une brûlure oculaire superficielle suite à une pluie de débris sur le public l’année où je travaillais au poste médical avancé mis en place pour le feu d’artifice du 15 août à Biarritz.

Des efforts sont faits pour réduire l’impact environnemental négatif des feux d’artifice comme remplacer les coques en plastique par du carton ou du papier. Mais cela n’empêche pas les résidus de la combustion de retomber dans l’eau… En Suisse, des plongées sont organisées après un feu d’artifice au-dessus d’un lac pour récupérer les débris. Je doute que ce soit le cas après le feu d’artifice de Biarritz pour récupérer les morceaux dans l’océan…

Pour dédramatiser, on prétend généralement que les feux d’artifice ne durent que quelques minutes et que la pollution a vite fait de se disperser dans l’air ou dans l’eau. Mais en 2010, à l’heure de la prise de conscience environnementale, dans une ville comme Biarritz qui prétend devenir la capitale de l’Océan avec sa fameuse Cité de l’Océan en construction, a-t-on vraiment besoin de polluer encore un peu plus l’air marin et l’eau de mer avec un spectacle pyrotechnique dont le seul but est finalement de se distraire quelques instants ?

A propos de l’auteur : Surf Prevention.com

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