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ous avons regardé le feu d’artifice avec un seau d’eau à la main », déclare Hélène Ducrocq. Cette riveraine de la rue Gallieni a vu de nombreux morceaux de cartons enflammés retomber dans son jardin lors des quatre jours de feux d’artifice pour les Feux d’hiver au Channel. « Mon mari a dû sortir le tuyau d’arrosage », renchérit Monique Sommers, sa voisine. Ces restes d’artifices ont causé des trous dans la tente de son jardin. « J’ai reçu une braise sur mon manteau. Heureusement que mon mari était à côté pour l’éteindre. »
« Nous adhérons aux Feux d’hiver et aux festivités du Channel. Nous souhaitons juste que le plaisir soit pour tout le monde, que l’on soit intransigeant sur la sécurité », soulignent les deux riveraines.
« Ça flambait encore dans le jardin, relate Fortuné Bocquillon, résidant rue du général Margueritte. J’ai eu des retombées sur la toiture, le velux et dans la gouttière », poursuit-il. « Et si les projectiles obstruent les évacuations d’eau de pluie, qui va payer ? » s’inquiète Monique Sommers.
Au total une vingtaine d’habitants des deux rues susmentionnées, qui jouxtent le Channel, ont signé une lettre adressée à la mairie de Calais, à la sous-préfecture, au directeur du Channel, Francis Peduzzi ainsi qu’au président de la région, Xavier Bertrand. « Nous vous informons que même si nous adhérons aux Feux d’hiver, qui nous offrent une très belle fête, nous ne pouvons vous laisser ignorer que ceux-ci impliquent beaucoup de danger et de désagréments », peut-on lire dès les premières lignes. Entre le jeudi 28 et le dimanche 31 décembre, le Channel a organisé des feux d’artifice dans l’enceinte de ses murs chaque soir à 19h.
Avis favorable
Interrogé sur les faits, Francis Pedruzzi déclare : « Nous avons monté un dossier pour l’organisation des feux d’artifice et nous avons reçu un avis favorable ».
En matière d’organisation de spectacle, les projets passent devant une commission de sécurité composée d’une délégation de services publics (mairie, police, pompiers) et, en l’occurrence, du Channel. Cette assemblée évalue si le projet respecte les normes de sécurité en vigueur, notamment en fonction du nombre de personnes attendues lors de l’événement. L’autorisation est ensuite délivrée par la préfecture. « Quand on tire un feu d’artifice, il y a forcément des retombées, poursuit Francis Peduzzi. Si les riverains constatent des dégâts, nous avons une assurance qui prendra en charge les dommages ».
Une réponse jugée « inconvenante, irresponsable et irrespectueuse », par les plaignants.
« Les artifices que nous avons utilisés sont de petite taille, 10 millimètres pour les feux tirés en semaine et jusqu’à 100 millimètres pour le soir du réveillon, explique Pierre de Mecquenem, artificier qui a organisé les feux du Channel. Nous avons respecté une distance de sécurité de 8 mètres en moyenne et 50 mètres le 31. Des SSIAP (agent de sécurité incendie, ndlr) étaient présents pour assurer la sécurité du site. Le vent ne dépassait pas les 50km/h. (limite pour tirer des feux d’artifice, NDLR)
Météo France, de son côté, fait état, pour la soirée du 31 décembre, d’un vent du sud-ouest soufflant à 60km/h à 19h (heure du premier feu d’artifice), montant à 90km/h à 23h et redescendant à 70 km/h, avec des rafales à 78km/h à minuit (heure du deuxième feu). « Nous avons évalué la vitesse du vent sur toute la hauteur du Belvédère avec l’artificier et cela ne dépassait pas les 25-35km/h », réagit Francis Peduzzi. « Les artifices sont réglés pour retomber éteints. Nous choisissons des produits les plus dégradables possibles et pas incandescents. » Les riverains ont également déploré le stationnement « anarchique ».