UKRAINE – Feu d’artifice au lendemain du 70e anniversaire de Poutine ! Le chef du Kremlin n’aurait pas pu espérer pire cadeau qu’un incendie qui embrase, comme c’est le cas ce samedi 8 octobre, le pont reliant la Crimée ukrainienne annexée à la Russie. L’attaque contre cette infrastructure, qui a fait trois morts selon un premier bilan, est un véritable camouflet pour Moscou, qui a déjà perdu ces dernières semaines du terrain sur les territoires ukrainiens qu’elle occupe.
Si Kiev ne revendique pas être à l’origine de la voiture piégée qui a mis le feu au pont, l’entourage de Volodymyr Zelensky ne boude pas son plaisir. Sur Twitter, Oleksiy Danilov, secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine a publié un montage vidéo de l’explosion accolée au clip de Marilyn Monroe chantant « Happy Birthday Mr President ».
Доброго ранку, Україно! 🇺🇦 https://t.co/UQMI6LheSR
— Oleksiy Danilov (@OleksiyDanilov)
Les services de sécurité de Kiev (SBU) ont de leur côté publié sur Telegram des vers détournés du poète ukrainien Taras Chevtchenko sur « le Soleil qui se lève sur le pont en feu ». « Aujourd’hui est une parfaite occasion pour réviser quelques poèmes de Taras Chevtchenko », a ironisé le SBU.
La poste ukrainienne a, elle, annoncé se préparer à imprimer des timbres à l’effigie du « pont de Crimée, ou, plus exactement, de ce qu’il en reste ». Son patron Igor Smelyansky a publié sur Facebook le dessin de ces nouveaux timbres, montrant une explosion sur le pont de Crimée et un autre reprenant ironiquement une scène iconique du film Titanic
Une cible militaire
Ces petites blagues sont restées au travers de la gorge de la Russie d’autant plus que comme le rappelle Courrier International, ce pont long de 19 kilomètres est la petite fierté architecturale de Poutine. Inauguré en 2018 par le chef du Kremlin, il a mis des moyens faramineux pour faire de cet ouvrage une allégorie de l’annexion de la Crimée en 2014 par Moscou.
Surtout, au-delà du symbole, ce pont est une cible militaire majeure pour Kiev, car il sert notamment au transport d’équipements militaires de l’armée russe combattant en Ukraine. « C’est une construction illégale et la principale porte d’entrée pour approvisionner l’armée russe en Crimée. En tant que tel, il doit être détruit », a jugé en août Mikhaylo Podolyak, l’influent conseiller du président ukrainien dans les colonnes du quotidien britannique The Guardian.
Depuis la fin de l’été, l’Ukraine a entamé une contre-offensive face aux armées russes et la tentative de destruction de ce pont confirmerait sa stratégie : « détruire la logistique, les lignes d’approvisionnement et les dépôts de munitions et autres objets de l’infrastructure militaire. Il s’agit de créer un chaos au sein de leurs propres forces », a expliqué Mikhaylo Podolyak.
Cet influent conseiller présidentiel ukrainien a d’ailleurs posté un message sur Twitter ce samedi matin. Sans revendiquer la responsabilité de l’Ukraine, il affirme que cette attaque n’est que « le début ». « Tout ce qui est illégal doit être détruit, tout ce qui est volé doit être rendu à l’Ukraine, tout ce qui est occupé par la Russie doit être expulsé », a-t-il encore écrit.
Crimea, the bridge, the beginning. Everything illegal must be destroyed, everything stolen must be returned to Ukra… https://t.co/SZjPLg7joP
— Михайло Подоляк (@Podolyak_M)
Bientôt la riposte de Moscou ?
Que ce pont aussi crucial et aussi loin du front soit endommagé par Kiev signerait une défaite amère pour Moscou. « Cela frappe au plein coeur du prestige de Vladimir Poutine », estime Andrew Roth correspondant à Moscou dans un message sur Twitter. « Il est parti en guerre pour prendre Kiev et découvre qu’il ne peut même pas protéger la Crimée. Il va chercher un moyen de réagir. »
The Crimean Bridge has been hit, either by a missile or a sabotage attack. Strikes at the heart of Vladimir Putin’s… https://t.co/HabZeuKWgV
— Andrew Roth (@Andrew__Roth)
La Russie a toujours affirmé que le pont ne risquait rien en dépit des combats en Ukraine, mais elle a menacé Kiev de représailles si les forces ukrainiennes devaient attaquer cette infrastructure ou d’autres en Crimée.
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