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Comme chaque année, les Allemands n’ont pas attendu le soir de la Saint-Sylvestre pour perpétuer une tradition dont ils n’ont certes pas l’exclusivité mais qui a atteint chez eux une telle ampleur qu’elle se voit de plus en plus contestée : célébrer le Nouvel An à coups de pétards et de feux d’artifice, activité à laquelle ils commencent à se livrer trois ou quatre jours avant le 31 décembre et à pratiquement toute heure, du matin jusqu’à tard dans la nuit. En 2005, les Allemands avaient dépensé 87 millions d’euros en achat d’objets pyrotechniques. En 2017, 137 millions d’euros.
Or, cette passion a un coût. Médical, d’abord. Il y a un an, deux habitants du Brandebourg, l’un de 19 ans, l’autre de 35 ans, sont morts en tirant des feux d’artifice. A Berlin, cinq personnes ont été amputées en raison de blessures à la main. En Thuringe, une adolescente a perdu la vue à cause d’un pétard. En moyenne, entre 700 et 800 personnes sont blessées chaque fin d’année en Allemagne à la suite d’accidents provoqués par des objets pyrotechniques.
Afin de limiter le nombre d’accidents, l’association allemande des médecins urgentistes a récemment réclamé la mise en place d’un permis d’utilisation. « L’acquisition d’objets pyrotechniques doit être mieux encadrée. (…) On pourrait ainsi imaginer la création d’un équivalent du permis de conduire pour feux d’artifice et pétards, afin que les gens apprennent à s’en servir », a proposé son président, Frank Riebandt, dans la Rheinische Post, le 27 décembre. Selon lui, la possession d’un tel document devrait être nécessaire pour pouvoir acheter de tels objets.
Reste qu’une telle mesure en Allemagne ne résoudrait que partiellement le problème, beaucoup de ces achats étant faits en ligne sur des sites étrangers – notamment polonais – qui proposent des objets de catégorie F3 et F4, les plus puissants et les plus dangereux, destinés normalement aux professionnels. En Allemagne, seuls les objets de catégorie F1 sont en vente toute l’année, ceux de catégorie F2 ne pouvant être vendus que durant les quatre derniers jours de l’année à des personnes majeures. Ces dernières années, les douanes allemandes ont saisi de plus en plus d’objets pyrotechniques importés illégalement de Pologne ou de République tchèque.