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Les deux auteurs racontent avec verve la venue de ces personnalités sur plus de 300 pages, avec 460 images, de nombreux témoignages et anecdotes, sous le titre « Les Présidents en Périgord ». L’ouvrage sort en librairie à la veille de l’élection présidentielle, programmée dimanches 3 et 10 avril. Cet énorme travail de documentation s’accompagne d’une préface du président sortant Emmanuel Macron, des contributions de l’ancien président François Hollande et de Xavier Darcos, chancelier de l’Institut de France.
Des arcs de triomphe
Le premier à être venu en voyage officiel en Périgord est le maréchal Mac Mahon en 1877, à Périgueux. Un arc de triomphe avait été dressé devant les casernes et un feu d’artifice tiré en son honneur. Il est passé ensuite par Ribérac, ville de son ministre de l’Intérieur Oscar Bardi de Fourtou. Puis sont venus Sadi Carnot en 1888, qui avait de la famille à Saint-Pierre-de-Chignac, Félix Faure en 1895, avec un projet d’attentat déjoué et un arc de triomphe qui brûle accidentellement.
Paul Deschanel s’est rendu, en 1899, à Périgueux, Brantôme et Bourdeilles ; Doumergue, en 1904, pour inaugurer les écoles de Thiviers. Mais la visite qui a laissé le plus de souvenirs est celle de Raymond Poincaré, en 1913, avec des arcs de triomphe dressés partout, un cortège de 40 véhicules, des cartes postales souvenirs avec des haltes à Bergerac, Mussidan, Brantôme, Périgueux, Les Eyzies, Sarlat et Domme.
« La manière dont les visites officielles étaient organisées, au XIXe et au début du XXe siècle, a bien changé. Les présidents ne s’approchaient pas des gens. C’est De Gaulle qui a créé les bains de foule, parfois avec des militants. Aujourd’hui, les visites sont plus thématiques », remarque Sébastien Bouwy.
La mystique de Mitterrand
De Gaulle avait une relation particulière avec la Dordogne où il avait passé des vacances d’enfance, à Champagne-et-Fontaine. Sa première grande visite fut celle du 5 mars 1945 en hommage aux résistants, suivie d’autres en 1947, 1949 et 1951.
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La dernière, les 14 et 15 avril 1961, était passée par Bergerac, Périgueux, Neuvic, etc. Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing ne sont venus qu’en visite privée pour découvrir Lascaux. Quant au président intérimaire Alain Poher (après la démission de De Gaulle et la mort de Pompidou), parfois considéré comme le 26e occupant de l’Élysée, il est allé incognito à Thiviers où il avait de la famille.
« Il [Mitterrand] venait comme en pèlerinage sur les lieux de son enfance »
Le préféré des deux auteurs reste François Mitterrand : « Il séquençait sa vie et les lieux où il revenait. Il avait une mystique en Périgord. C’était sa famille, son sang, sa terre », souffle Gautier Mornas. « Il venait comme en pèlerinage sur les lieux de son enfance », ajoute Sébastien Bouwy, à Touvent près de Saint-Aulaye, ou pour retrouver son ami Maurice Faure, à Eyliac, autour d’une omelette aux truffes.
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Les sommets de Chirac
Le Corrézien Jacques Chirac est souvent venu et a créé des événements, comme un sommet franco-allemand en 1996 avec Helmut Kohl, lors du Salon du livre gourmand où il a négocié des quotas de bananes. En 2001, ce fut avec Silvio Berlusconi qui offrit « des cravates immondes » à Xavier Darcos. Ce dernier a également peu apprécié la visite de Nicolas Sarkozy, venu parler de l’école en 2008 : « Il m’a fait perdre les élections (municipales) ». En 2010, pour l’anniversaire de la découverte de Lascaux, Sarkozy a fait ouvrir la grotte fermée à toute sa famille.
François Hollande, en voisin corrézien, est le plus familier de la Dordogne. Dans l’ouvrage, il l’évoque dans une interview où il parle des politiques locaux avec humour. Quant au président Emmanuel Macron, sa visite de 2018 à Périgueux a été gâchée par le déclenchement de l’affaire Benalla.
Dans la préface, Macron évoque Joséphine Baker et la terre des Milandes, ainsi que la Marianne postale née à Boulazac. Sans oublier le chêne truffier du Périgord planté avec le député Jean-Pierre Cubertafon dans les jardins de l’Élysée.