Bundesliga, 1re journée : Feu d’artifice en Allemagne

Dortmund est en avance sur le Bayern

Lucien Favre semblait quelque peu déçu après la défaite de Möchengladbach face au Bayern Munich (3-1). On peut le comprendre tellement les largesses défensives bavaroises se sont révélées flagrantes. Mentionnons aussi la piètre performance d’Alvaro Dominguez, l’arrière axial des Fohlen. Le club munichois est en cours de réglage, à la recherche de l’équilibre entre l’attaque et la défense. C’est d’ailleurs une constante de ce FC Bayern nouvelle version. Enfin, n’exagérons rien car la première période n’a rien démontré de « guardiolesque ». La circulation de la balle et les schémas de jeu furent « heynckesien », pour un Bayern somme toute en mode « autogestion ». Et si Ribery fut incontestablement l’homme de la rencontre, il est à noter que Thomas Müller, à l’étroit dans la ligne de 4 des milieux, a été transparent au point de rater un penalty. Grace à cette victoire cependant, le coach catalan s’achète du temps. Et du coup change sa communication. Il prévient à la cantonade qu’il n’est pas « un super-super entraîneur ». Oui le « Super Bayern », cette machine indestructible de la saison dernière est bel et bien morte. Reste à scruter l’éclosion du futur monstre, le très attendu « Alien ». Pour l’instant, on en est encore à réécrire les scénarios.

Mais question « Predator », le BVB Dortmund se pose là. Et, indéniablement, les Bubis de Klopp ont de l’avance au niveau de la préparation sur leurs concurrents munichois. Le 4-2-3-1 est toujours de rigueur. Si cette équipe est parfois trop joueuse (cf. la première mi-temps), le schéma central est encore plus direct : à l’attaque ! Félicitons-nous également de la réussite de Pierre-Emerick Aubameyang, pour son fier triplé, tout en précisant que Mkhitarian était dans les tribunes et que Blaszczykowski revient tout juste de blessure. Mais la réussite de l’ancien Stéphanois inaugure, peut-être, la consécration d’un Borussia encore plus dangereux offensivement. Sans oublier que si l’Arménien devrait occuper le poste de meneur de jeu cette saison, Gündogan mais aussi Reus peuvent faire bien plus encore que dépanner. La rapidité de cette équipe à se projeter vers le but adverse est simplement phénoménale.

 

La french connection

Le francophone Aubameyang aura donc été l’homme fort de la première journée en Bundesliga mais d’autres Français ont eux aussi marqué les esprits. Anthony Modeste a ouvert son compteur but, Jonathan Schmid a délivré une savoureuse passe à Mike Hanke à Leverkusen pour l’égalisation (et a aussi raté un penalty) tandis que « Kaiser Franck » court, tout seul, pour récupérer le Ballon d’Or. Il en profite pour délivrer un caviar à Robben pour le 1-0 contre Mönchengladbach, et prend du plaisir à torturer ses adversaires sur son côté gauche.

Solitaire, Ribéry l’est-il vraiment dans sa quête ultime ? Pas exactement puisque la presse germanique a lancé un époustouflant lobbying en faveur du natif de Boulogne-sur-Mer. Le slogan est le suivant : « Qu’est-ce qui différencie Ribéry de Messi et Ronaldo ? Les titres ! ». Que demande le peuple? Des titres ? Du style? Des statistiques individuelles ? A vous de juger. La formule préférée des philosophes allemands, fut de tous temps « Heureux comme Dieu en France ». Une maxime qui montrait le culte des Germains pour la pensée et l’art des Lumières à la française. Une louange qui pourrait, si cette opération de séduction était couronnée de succès, devenir dans le cas Ribéresque : « Heureux comme un Français en Allemagne ». Philosophe, l’international le devient avec la maturité.

 

Le Hertha, capitale de la Bundesliga !

Un promu chasse l’autre. La surprise du chef de l’an dernier, les « Aigles » de Francfort se sont écrasés sur terre et de quelle manière ! On ne pourra plus écrire que Berlin est la seule capitale à n’avoir pas d’équipe dans l’élite. D’ailleurs, le Hertha est invaincu à domicile depuis 457 jours maintenant. Reste à faire perdurer cette série en Bundesliga. Et le travail du Néerlandais Jos Luhukay paie. Il avait déjà réalisé des miracles avec le FC Augsburg, le-voici maintenant à la tête d’un club plus entreprenant que jamais.

C’est du reste la constante lors de cette journée liminaire : la densité des équipes. Si Fribourg et Augsburg se sont logiquement inclinés, les victoires du Hertha, de Mayence ainsi que les points pris en déplacement par Nuremberg et Hambourg, respectivement à Hoffenheim et Schalke, sont le signe que la lutte va être âpre. A tous les étages. Les noyaux de la grande majorité des clubs sont très compétitifs, excepté celui de Braunschweig. De quoi nous faire vivre une saison trépidante !

 

Le débat sur la vidéo relancé ?

« Cela fait mal, lorsque l’on revoit les images« , analyse froidement Markus Gisdol, le coach d’Hoffenheim tandis que l’arbitre du match, dépité, affirme « que c’est très énervant ce qui s’est passé. Mon premier sentiment durant l’action, c’est que la balle n’avait pas franchi la ligne« . Or, il y avait bien but de Kevin Volland et nettement. Le ballon est entré avant de ressortir sous l’effet du tournoiement. C’est étrange mais depuis le match Allemagne-Angleterre de la Coupe du monde 2010 et le but refusé de Lampard, rien n’a bougé.

De son côté, Bruno Labbadia, l’entraîneur de Stuttgart, fulmine que « le but de Shinji était hors-jeu« , Okazaki crucifiant ses anciens coéquipiers avec sa nouvelle équipe de Mayence. Enfin, Dieter Hecking, en charge de Wolfsburg, manie l’ironie avec un « l’arbitre a toujours raison, vous le savez bien ». Il faut dire que les Wölfe ont fini à neuf dans le derby contre Hanovre. Tout cela pour vous dire que le débat sur la vidéo a également repris en Allemagne…

L’Eintracht Braunschweig déjà condamné ?

La première mi-temps contre le Werder Brême fut une véritable purge malgré un public en feu. Contre-exemple détonnant en regard de l’engagement et de la volonté de vaincre visibles sur tous les autres terrains de Bundesliga. La faute aux locaux bien entendu, à l’appréhension logique d’un club qui retrouvait l’élite après 28 années passées dans les divisions inférieures. Force est de constater que les visiteurs ont fait jouer l’expérience… mais le niveau des Werderaner reste faible. Robin Dutt a du pain sur la planche. Si les Brauschweiger ne gagnent pas ce genre de match, contre qui peuvent-ils espérer l’emporter ? Tandis que se profile déjà le déplacement à Dortmund…Et pour finir de peindre ce sombre tableau, le coût du transfert, qui aura été le plus onéreux de l’histoire du club (1,2 millions d’euros ! Plus cher que celui de Paul Breitner en 1977, une hérésie !), celui du Norvégien Lars Christopher Vilsvik, risque finalement de capoter. Il y a des week-ends comme ça…

A propos de l’auteur

POLO – Eurosport

Chroniqueur et éditorialiste spécialiste du football allemand sur RMC, Polo a choisi son pseudonyme en hommage au grand défenseur et esprit libre Paul Breitner. Observateur de la saga de de la Bundesliga, Polo a passé une grande partie de son existence outre-Rhin à y écumer les stades.

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