Explosion de joie ou pétard mouillé ? De nombreux habitants d’Occitanie et autant d’estivants risquent de faire grise mine ce week-end. Car le spectacle traditionnel associé à notre fête nationale risque pour beaucoup de ne pas être au rendez-vous. En cause : l’incapacité d’une société lyonnaise, Pyragric, de faire face aux commandes passées depuis plusieurs mois par des dizaines de communes en France, dont beaucoup dans l’Hérault, l’Aude et les Pyrénées-Orientales.
Ce n’est qu’en début de semaine que l’inquiétude a gagné les mairies concernées, comme celle de Puichéric, dans l’Aude. “Habituellement, on est livré par cette société huit à dix jours avant, raconte Tristan Barthes, le secrétaire général. Là, on a su deux jours avant qu’on ne recevrait rien et on n’a eu aucune explication de la société, qui ne nous répond pas. C’est bien dommage.”
Attention !
Risques de vent
La préfecture de l’Aude a interdit les tirs de feux d’artifice dans quatre communes : Quillan, Armissan, Boutenac et Fleury d’Aude, et se réservait cette semaine la possibilité d’étendre cette décision à d’autres municipalités. En cause : les risques liés au vent attendu sur le secteur pendant le week-end, et à la proximité entre le site où ont lieu les feux concernés et les massifs de végétation.
Pétards interdits
Le préfet des Pyrénées-Orientales a interdit la vente, l’utilisation et la détention de pétards et autres « artifices de divertissement », ainsi que des bidons d’essence, du 13 au 15 juillet, en raison du risque d’accidents, de blessures et de dégradations.
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Mercredi, il a fallu se résoudre à la perspective d’une soirée sans feu d’artifice. “La société nous fournit le tireur, qui arrive vers 10 h du matin pour installer le matériel sur le pont suspendu. D’habitude, il termine son travail vers 22 h.” Vus ces délais, l’affaire devenait impossible. Restait à annoncer la mauvaise nouvelle aux habitants : “On a utilisé le système d’alarme téléphonique pour les inondations, M. le maire a enregistré un message.”
Une tuile pour la petite commune audoise : “L’an dernier, à cause du vent, on avait déjà dû le décaler au 15 août.” De très nombreuses autres communes sont dans le même cas, notamment dans l’Hérault : au Crès, à Saint-Drézéry ou à Teyran, on s’est résigné à annuler. Mais le reste des festivités demeure inchangé.
“Nous n’avons été prévenus que ce jeudi matin. C’est inédit, on va faire avec”, soupire le directeur général des services de Teyran. A Clermont-l’Hérault, on a craint le pire : “On s’est inquiété mercredi parce qu’on ne voyait rien venir, explique-t-on en mairie. Finalement, le matériel doit arriver ce jeudi en toute fin de journée, par convoi spécial.” De quoi disposer du temps nécessaire pour installer les dispositifs et régaler les yeux des spectateurs ce vendredi soir.
La Chine en cause ?
A Saint-André-de-Sangonis, on a décidé de prendre le taureau par les cornes : le maire et l’adjoint aux festivités, après de multiples coups de téléphone, ont réussi à obtenir de la société Pyragric “la livraison du matériel pyrotechnique le 14 juillet vers 4 h du matin. Les feux auront bien lieu à Saint-André !”
Contactée à plusieurs reprises, la société Pyragirc, installée à Rieux-la-Pape, près de Lyon, n’a pas répondu aux demandes d’explication de Midi Libre. Seule indication, celle d’un collaborateur de l’entreprise : “Ils ont eu un retard d’approvisionnement de matière première, sans doute depuis la Chine. Ce qui s’est répercuté sur tout le processus de fabrication et ils nous ont dit n’avoir compris que cette semaine qu’ils ne pourraient pas refaire leur retard.” Egalement contrainte d’annuler au dernier moment le feu d’artifice du 14 Juillet, la ville d’Auxerre a annoncé hier qu’elle “se réserve le droit de poursuivre l’entreprise pour ce désengagement.”