Dans bien des années, les historiens qui se pencheront sur notre époque vont se questionner sur toute l’attention médiatique que le monde entier porte à Donald Trump.
Hier, le journal nord-coréen Sinmum le traitait de «psychopathe». C’est à croire que Kim Jung-Un lui-même en est jaloux. Il ne se passe pas une semaine, parfois une journée, sans que l’équipe de Trump génère une série de nouvelles importantes. Dans des circonstances normales, ces nouvelles seraient discutées pendant des jours, voire de semaines. Mais les déclarations de Trump sont tellement nombreuses et incroyables qu’elles se télescopent les unes les autres. Un vrai feu d’artifice.
1. Quelles sont les plus récentes actions de Trump ?
Hier, Trump a déclaré que contrairement à ce qu’il avait laissé entendre, il n’avait pas enregistré ses conversations avec l’ex-directeur du FBI, James Comey. Hier toujours, les républicains déposaient au Sénat un important projet de loi pour modifier substantiellement l’Obamacare. Hier encore, Trump a demandé pourquoi Obama n’avait pas arrêté les actions des Russes si ceux-ci avaient effectivement interféré dans la campagne américaine. Chacune de ces nouvelles va générer des milliers d’articles et de réactions aux États-Unis et à travers le monde.
2. Quelles sont les nouvelles qui passent sous le radar ?
À côté de ces grandes nouvelles, toutes sortes d’informations un peu moins importantes passent sous le radar : la Cour suprême américaine qui décide que les nouveaux citoyens américains ne peuvent être privés de leur citoyenneté en raison d’un mensonge sans importance. Un sondage Pew qui montre que 52 % de la population américaine est en faveur de restreindre le port d’armes. Nancy Pelosi qui pourrait perdre son poste de leader dans le Parti démocrate en raison des mauvais résultats aux élections partielles.
3. Que provoque la surabondance d’informations ?
Cette surabondance d’informations tient en haleine une partie du public aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Mais toute cette actualité politique brouille le portrait général de la politique de l’administration Trump. Qui discute de l’abrogation des lois sur l’environnement, sur les mines ou sur la réglementation financière? Presque personne.
4. Quel est le portrait global des politiques de Trump ?
Quelques personnes tentent de dégager une vision plus globale. Par exemple, l’ex-chef des services secrets britanniques, John Sawer, a fait mercredi une déclaration étonnante. Selon lui, le principal danger dans le monde provient du retrait progressif du leadership américain. Ceci va rendre plus difficile le maintien des réseaux d’alliance tissés par les pays occidentaux à travers la planète. Et Sawer d’ajouter que Trump n’est pas la cause de ces problèmes, mais le résultat de changements qui sont survenus dans la société américaine.
5. Pourquoi penser Trump comme un résultat ?
Penser Trump comme un résultat et non comme une cause change la perspective. En effet, les États-Unis ont évolué. La population est plus vieille. La richesse est beaucoup moins bien redistribuée qu’auparavant. Les mouvements religieux sont devenus plus puissants. La population américaine risque de revendiquer des changements avec de plus en plus de véhémence. Les politiques ultra-libérales de Donald Trump devraient accentuer les problèmes du pays. À ce rythme, d’ici une dizaine années, les États-Unis n’auront plus les moyens d’entretenir une armée aussi puissante ni de mener de grandes guerres à répétition.
Les visions globales comme celle que propose Sawer permettent de dépasser le foisonnement de l’actualité américaine pour se concentrer sur ce qui est vraiment important.