Depuis le début de la pandémie en 2020, c’est peu dire que les manifestations culturelles ont beaucoup souffert. Le Festival international du film d’animation d’Annecy et son marché, le Mifa, pilotés par l’établissement Citia, n’ont pas échappé à cette situation. Toutefois, comme d’autres, ils ont réussi à surmonter les difficultés avec brio. En 2020, une édition 100% numérique avait été organisée et, en 2021, une édition hybride, mêlant événements sur place et temps forts en ligne, avait été proposée, permettant à l’activité de se poursuivre. Alors que, pour les manifestations, le ciel semble se dégager, les éditions 2022 du Festival d’Annecy, qui se tiendra du 13 au 18 juin, et du Mifa, qui se déroulera du 14 au 17 juin, ont été conçues comme des éditions « normales » et intégralement en présentiel (avec un volet numérique similaire à celui d’avant-pandémie).
Un cru d’ores et déjà à part
Et, encore plus que d’habitude, l’heure sera à la fête. « J’aimerais rappeler l’état d’esprit dans lequel nous avons travaillé ces derniers mois. Je crois que nous avions à cœur d’enfin tous nous retrouver pleinement, totalement, de renouer avec l’âme de ce festival fait de rencontres et de partage, de faire à nouveau vibrer les salles de cinéma. Nous avons pensé cette édition pour qu’elle soit un feu d’artifice de créativité, de diversité, afin d’affirmer à nouveau l’explosion d’un cinéma dont nous sommes fiers d’être les serviteurs », a précisé Mickaël Marin, directeur de Citia, lors de la conférence de presse du Festival, le 2 mai, au CNC. Et, si l’établissement n’a jamais concocté d’édition au rabais de son Festival et de son marché, on peut d’ores et déjà avancer que ce cru 2022 sera à part.
Des longs métrages très attendus
Côté festival, les participants découvriront une multitude d’œuvres très attendues. « La sélection 2022 du Festival est diversifiée et surprenante. Elle témoigne de la vitalité du cinéma d’animation et de l’exceptionnel développement de la production mondiale au cours des dernières années. La qualité et la quantité sont telles qu’on se sent presque à l’étroit dans le plus grand festival d’animation au monde ! », indique Marcel Jean, délégué artistique du Festival. En séances événements, on verra, notamment, Buzz l’éclair, d’Angus MacLane, spin-off de la saga Toy Story (Disney.Pixar, Etats-Unis) ; Le Monstre des mers, de Chris Williams (Netflix Animation, Etats-Unis) ; Les Secrets de mon père, de Véra Belmont (Je suis bien content, France), et les premières images de Spider-Man : Across The Spider-Verse, de Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin Thompson (Sony Pictures Animation, Etats-Unis) et d’Ernest et Célestine, le voyage en Charabie, de Jean-Christophe Roger et Julien Chheng (Folivari, Studiocanal, France, Mélusine Productions/ Studio 352, Luxembourg).
Wallace et Gromit de retour en VR
Le nouveau film de Michel Ocelot, Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse (Nord-Ouest Films, France), sera projeté – ce dernier recevra un Cristal d’honneur, tout comme l’Américaine Jennifer Lee, réalisatrice et directrice créative des studios d’animation Walt Disney. Le film d’ouverture sera Les Minions 2 : Il était une fois Gru, de Kyle Balda, Brad Ableson et Jonathan Del Val (Illumination Entertainment, Etats-Unis). « Depuis ses débuts, l’histoire de la franchise Moi, moche et méchant est associée au Festival d’Annecy », commente Marcel Jean. Pour la section « Work-in-Progress », où l’on peut suivre le travail mené sur des œuvres (films, séries, etc.) en fabrication, ont été retenus, entre autres, le long métrage La Plus Précieuse des marchandises (Ex Nihilo, La Classe américaine, France, Les Films du fleuve, Belgique), première incursion dans l’animation de Michel Hazanavicius (The Artist, OSS 117 1 et 2) et Wallace Gromit VR Experience, de Finbar Hawkins (Atlas V, France, Aardman Animations, No Ghost, Royaume-Uni, Meta).
La Suisse à l’honneur
Concernant la compétition, seuls les titres de la catégorie « long métrage » n’avaient pas encore été dévoilés. Marcel Jean a donc révélé que vingt films ont été choisis – dix pour L’Officielle et dix pour Contrechamp – parmi la centaine soumis au comité de sélection (voir ci-après). Au sujet de cette compétition « long métrage », on soulignera trois points. Le premier : des signatures majeures sont de retour, à l’instar d’Alain Ughetto, Anca Damian, Alberto Vasquez, et Alessandro Rak. Le deuxième : on y trouve, pour la première fois, un film algérien, Khamsa – Le Puits de l’oubli, « [un long métrage] éminemment personnel et [qui] laisse espérer de beaux lendemains pour l’animation du Maghreb », dixit Marcel Jean. Le troisième : il y a un film qui réussit le doublé Festival de Cannes-Festival d’Annecy : Le Petit Nicolas – Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? (ON Classics, France, Bidibul Productions, Luxembourg). Par ailleurs, rappelons que le pays à l’honneur est la Suisse, et que tout un dispositif est prévu pour la célébrer.
Vers un Mifa record
Côté Mifa, Véronique Encrenaz, sa responsable, a annoncé que l’édition 2022 serait « similaire à celle de 2019 », qui avait été une année record. Ainsi, le Mifa s’étendra sur près de 8.000 m2, proposera une centaine d’événements, et rassemblera plus de 150 stands sous le chapiteau dédié. Au rez-de-chaussée du chapiteau, bordé par l’Espace Détente installé sur la plateforme sur le lac, on verra des pavillons agrandis pour les délégations réunies par Animation UK, Téléfilm Canada, Telefilm/Sodec, ICEX (Espagne), ICE (Italie) et, pour la première fois, un stand pour les Coréens de KOCCA. Le Mifa enregistrera une présence toujours forte de l’Amérique latine, de l’Asie pour la plupart des pays (exceptés Taïwan, Hong Kong et la Chine, dans l’incertitude), ainsi qu’une présence en constante augmentation de l’Afrique. Au premier étage, un espace XR plus étendu accueillera pour la première fois une salle de conférences et de présentation de projets.
Un espace « courts métrages » agrandi
La Suisse sera mise à l’honneur avec une ombrelle et une programmation dédiée, notamment des présentations de projets XR ainsi qu’une intervention au Mifa Campus de Samuel Patthey, récipiendaire du Cristal du court métrage en 2021 avec Écorce. Chez les Français, on notera un retour ou une première présence sur stand pour Unifrance, AnimFrance, le Syndicat des producteurs indépendants (SPI), ainsi qu’un espace « courts métrages » agrandi, en partenariat avec l’Association française du cinéma d’animation (Afca), France in shorts, Unifrance et l’Agence du court métrage. Ces partenaires présenteront des courts métrages et accorderont des temps de parole aux acteurs de ce format. En soutien à l’Ukraine, le Mifa a souhaité maintenir et financer l’ombrelle habituellement portée par l’Ukrainian Animation Association (UAnima), présente depuis des années et ne bénéficiant plus du soutien habituel. L’équipe d’Annecy y accueillera des professionnels et des talents dont la liste est en cours d’élaboration. Il n’y aura pas de présence russe.
L’équipe de « Flee » distinguée
Les associations de professionnelles dans le monde (Women in Animation et FIAPF aux États-Unis, Les Femmes s’Animent en France et MIA en Espagne) auront plusieurs rendez-vous. Notamment, la traditionnelle journée du lundi sera riche en panels. Le Mifa accueillera aussi des sessions de pitchs dédiées le mercredi et une discussion lors du Mifa Campus le vendredi autour de la place des femmes dans l’animation japonaise. Le Mifa Campus, justement, cette journée consacrée aux jeunes animateurs et étudiants, qui se tenait le mardi, est déplacée le vendredi. Le réalisateur japonais Masaaki Yuasa, notamment lauréat d’un Cristal en 2017 pour son long métrage Lou et l’Île aux sirènes, en sera le parrain. Il participera à une conversation, au cours de laquelle il reviendra sur son parcours. Il répondra aux questions des jeunes participants, au lendemain d’une projection, en « séances événements », de son nouveau film, Inu-Oh. Enfin, parmi les autres temps forts, le Mifa Animation Industry Award sera remis aux producteurs et partenaires de Flee, Cristal du long métrage à Annecy en 2021, triplement nommé aux Oscars cette année, qui a gagné de nombreux autres prix à travers le monde, et a été vendu dans plus de 100 territoires.
Les longs métrages en compétition
L’Officielle
- Charlotte, d’Eric Warin et Tahir Rana (Belgique, Canada, France)
- Goodbye, DonGlees !, d’Atsuko Ishizuka (Japon)
- Interdit aux chiens et aux Italiens, d’Alain Ughetto (France, Italie)
- L’Ile, d’Anca Damian (Roumanie, France, Belgique)
- Misaki no Mayoiga, de Shinya Kawatsura (Japon)
- My Love Affair with Marriage, de Signe Baumane (Etats-Unis, Lettonie, Luxembourg)
- Nayola, de José Miguel Ribeiro (Portugal, Belgique, Pays-Bas, France)
- Le Petit Nicolas – Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, d’Amandine Fredon et Benjamin Massoubre (France, Luxembourg)
- Saules aveugles, femme endormie, de Pierre Földes (France, Canada, Luxembourg)
- Unicorn Wars, d’Alberto Vazquez (Espagne, France)
Contrechamp
- Aurora’s Sunrise, d’Inna Sahakyan (Allemagne, Arménie, Lituanie)
- L’Autre forme, de Diego Guzman (Colombie)
- Les Démons d’argile, de Nuno Beato (Espagne, France, Portugal)
- Home is Somewhere Else, de Carlos Hagerman et Jorge Villalobos (Etats-Unis, Mexique)
- Khamsa – Le Puits de l’oubli, de Khaled Chiheb (Algérie)
- Pléthore de nords, de Koji Yamamura (France, Japon)
- Quantum Cowboys, de Geoff Marslett (Etats-Unis)
- Silver Bird and Rainbow Fish, de Lei Lei (Etats-Unis, Pays-Bas)
- Tae-il-i, de Jun-pyo Hong (Corée du Sud)
- Yaya e Lennie – The Walking Liberty, d’Alessandro Rak (Italie)
Photo : « Le Petit Nicolas – Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? », d’Amandine Fredon et Benjamin Massoubre (France, Luxembourg), figure en compétition.