Le cordiste ariégeois et organisateur du festival Explos, Phil Bence, a passé le réveillon à Dubaï où il a installé des feux d’artifice sur la plus haute tour habitée du monde à plus de 800 m de hauteur.
Le vide, il ne le craint pas. Et fort heureusement. Habitué à évoluer à plusieurs centaines de mètres de hauteur, accroché à une corde, le cordiste Phil Bence aime défier les lois de la gravité. Depuis plus de 25 ans, il voyage dans le monde entier pour des expéditions, des films, des photos et des missions diverses. À peine revenu de Tarifa en Espagne où il a travaillé comme responsable de sécurité en milieu d’accès difficile d’accès avec des archéologues, le cordiste est reparti célébrer le réveillon à Dubaï. Célébrer mais surtout travailler, et ce à 828 m au-dessus du sol. Pour le nouvel an, le cordiste ariégeois a participé à la création et à l’installation d’un feu d’artifice sur Burj Khalifa, la plus haute tour habitée au monde.
«Le feu est créé avec ses différents effets et positions sur un time code pour un spectacle visuel calé sur une musique», explique le cordiste. «Des millions de personnes et médias attendent cet évènement».
«Un travail d’équipe»
Son travail, ainsi qu’aux deux autres cordistes qui travaillaient avec lui, était de positionner les feux sur les trois arêtes de la tour, de haut en bas, de les fixer de manière sécurisée et de les relier entre eux. Mais, à plus de 800 m, il n’y a pas droit à l’erreur. «La difficulté est de travailler à très grande hauteur et avec la contrainte de ne pas avoir de zone de sécurité libre en dessous», explique Phil Bence. «Cela demande une anticipation et une organisation rigoureuse»
Pendant quinze jours, les cordistes de l’entreprise Groupe F, menés par le spéléologue Eric Fauroux, ont donc monté, testé et démonté les installations. Mais c’est sans compter le temps nécessaire à la préparation : «repérage des lieux pour voir comment fixer les feux sur les parois, inventer et fabriquer les supports de fixation. Le temps aussi pour les artificiers de créer le feu avec les différents effets, de les câbler par lots, de préparer tout le matériel pour le faire venir de France par bateau et d’organiser toute la logistique et les différentes équipes», précise-t-il, soulignant le «vrai travail d’équipe» qu’une telle entreprise requiert.
«Un beau métier»
Ce n’est pas la première fois qu’il monte aux tours. En 2017 déjà, il avait pris part à une telle opération, mais cette fois à Séoul. Avec 27 autres cordistes, il avait préparé le feu d’artifice de l’inauguration de la Lotte World Tower qui culmine à plus de 550 mètres. «Je n’ai aucune appréhension du vide. Voir une ville de cette hauteur c’est magique et même surréaliste, et je considère cela comme un privilège de voir ce que peu de gens peuvent voir. Et puis c’est un beau métier que de donner du bonheur aux gens», s’exclame-t-il.
S’il ne dit jamais non à une nouvelle aventure à l’autre bout du monde, le fondateur et organisateur du festival de films de montagne Explos – qui aura lieu le 28 février à Ax-les-Thermes – n’en oublie pas pour autant l’Ariège. D’ailleurs si le travail l’a enchanté, la ville de Dubaï l’a moins fait rêver. «Dubaï c’est un autre monde. Pas celui que j’espère pour notre futur commun. C’est la quintessence d’une société de consommation, une ville de contrastes entre extrême richesse et pauvreté, une vitrine du toujours plus», déplore-t-il. Et de conclure sur un cri venu du cœur : «On est mieux en Ariège !»