« Tout s’annule pour le mois d’août, c’est assez catastrophique », confie Cédric Bonjour, 30 ans, à la tête d’Arti-Dream, une société de feux d’artifice, basée à Mornant, près de Lyon.
« J’ai avancé tous les frais, j’avais déjà tout le matériel pour tirer les feux d’artifice. Ca représente plusieurs milliers d’euros », déplore-t-il. Et l’artificier ne sera pas remboursé par la moitié de ses clients, une perte financière de près de 30 000 euros.
Une pluie d’arrêtés préfectoraux
Pourquoi ? Parce que la plupart des clients qui annulent leurs spectacles pyrotechniques sont soumis à des arrêtés préfectoraux qui interdisent les feux d’artifice. Ils ne sont donc pas responsables de cette décision et ne sont pas dans l’obligation légale de rembourser Cédric Bonjour.
C’est la sécheresse qui est venue perturber l’agenda de Cédric Bonjour et de sa compagne Charlotte Combe. La saison estivale avait pourtant bien commencé pour le jeune couple d’artificiers. Mais, après « un très bon mois de juillet », les arrêtés préfectoraux interdisant les feux d’artifice tombent les uns après les autres, dans toute la France.
Sécheresse et risque d’incendie
En cause : les nombreux incendies et départs de feux déplorés dans tout le pays. Les préfectures sont forcées de suspendre certaines activités estivales comme les feux d’artifice, qui pourraient déclencher un départ de feu par accident, aux vues de l’extrême sécheresse actuelle que connaissent la plupart des régions.
Des décisions que l’artificier, qui est également sapeur pompier volontaire, approuve : « Je comprends parfaitement les arrêtés, le risque est réel à certains endroits, c’est évident qu’il ne faut pas tirer. Ce sont les risques du métier, on vit avec », décrit-il.
L’été, les trois-quarts du chiffre d’affaires
Mais avec déjà une dizaine de feux d’artifices annulés pour le mois d’août, c’est tout le business des artificiers qui est mis à mal.
Tout se joue l’été pour nous, c’est les trois-quarts de notre chiffre d’affaires. Ce qu’on gagne l’été, on le répartit sur l’année, pour pouvoir vivre jusqu’à l’été prochain.
La sécheresse vient comme un énième coup dur pour le couple qui a enchainé les galères ces dernières années. Pandémie de Covid-19, confinement, ou encore pluies abondantes l’été dernier, les artificiers n’arrivent plus à travailler.
On va se battre encore pour les feux d’artifice de cet hiver. On ne veut pas abandonner. Les feux d’artifice représentent près de dix ans de notre vie. Mais ça fait déjà trois ans qu’on se bat pour essayer de survivre. On est jeunes mais on s’épuise. La période du Covid-19 a été très compliquée. On ne remonte pas vraiment la pente, psychologiquement ce n’est pas du tout évident.
Discorde avec les municipalités
Aujourd’hui, Cédric Bonjour est parfois dans l’incompréhension. Certaines municipalités annulent les feux d’artifice alors que les conditions permettent d’assurer les spectacles sans risque d’incendie.
Des annulations qui s’accompagnent de lourds désagréments pour l’artificier. Sa société opère dans toute la France, alors parfois il parcourt plusieurs centaines de kilomètres pour avoir la surprise d’une annulation de dernière minute. C’est ce qu’il s’est passé en Gironde.
Arti-Dream devait assurer un feu d’artifice, tiré depuis la mer, mais le maire n’a pas donné son accord. Une décision qui a du mal à passer du côté de l’artificier :
Quand les feux sont annulés, il faut que ce soit vraiment justifié. Avec un feu tiré depuis la mer, il n’y a pas de risque d’incendie. On regrette un peu la mauvaise foi de certaines communes. Notre secteur a beaucoup subit depuis le Covid-19, la pandémie était devenue l’argument pour nous dire que nous n’étions pas essentiels. On a parfois l’impression d’une excuse pour faire des économies à la culture.
« Une vraie jonglerie » logistique
Alors, avec une dizaine de feu d’artifices annulés un peu partout en France. Cédric et Charlotte se retrouvent avec de lourds stocks de matériel sur les bras. Car au-delà du problème financier, les jeunes artificiers font face à un problème logistique.
« C’est très compliqué de stocker de l’artifice en France. C’est une vraie jonglerie pour nous de ne jamais dépasser les seuils autorisés », explique Cédric Bonjour. Car après une annulation, c’est toute une cascade d’évènements compliqués à gérer qui s’abat sur les artificiers.
Une référence dans la région
Malgré ces coups durs, Cédric et Charlotte continuent à se battre pour faire vivre Arti-Dream. La société existe depuis 2013 et est devenue une référence dans la région. Chaque année, elle est sollicitée pour réaliser de nombreux feux d’artifices en France, notamment dans la Métropole lyonnaise.
Pour l’heure, le couple et leurs équipes seront présents à Vernaison, près de Lyon, le 26 août, pour la fête communale et au lac des Sapins, le 27 août, pour la fête du lac.
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