Oserons-nous l’écrire ? Les six musiciens de L’Impératrice ont été impériaux à Agen. Le jeu de mots est facile mais pas immérité. Ce groupe parisien formé en 2012 était programmé pour le mois de février, mais la date avait été annulée et reportée – vous devinez la raison, on ne l’a que trop écrit.
En 2018, leur premier album, « Matahari », les avait conduit à deux Olympia complets et une tournée mondiale. En 2020, ils ont failli participer au renommé festival Coachella en Californie, un événement malheureusement annulé à cause du Covid. En 2021, leur second album voit le jour. Il s’appelle « Tako Tsubo » (littéralement « le piège à poulpes », ou syndrome des cœurs brisés), et comme son prédécesseur, est marqué par l’amour du groupe pour l’electro-pop, le disco-funk et les synthés vintage. Le sextette a transformé notre théâtre municipal en discothèque à trois étages mercredi soir. Dansant, frais, ce sont peut-être les adjectifs qui qualifient le mieux leur musique. On a rapidement vu le public du parterre et du premier balcon se lever de leurs sièges pour libérer leur énergie.
Justement, on a vu un concentré d’énergie sur scène. Impossible pour les musiciens de tenir en place. Flore, au micro, les accompagne de sa voix suave de petite fille tout en ondulant allègrement. Les morceaux les plus récents sont à l’honneur, dont « Anomalie Bleue », « Hématome », ou « Peur des Filles ». Hommage est rendu aux femmes, ainsi qu’un petit rappel : en chaque homme, il y a une femme (bien cachée).
N’oublions pas de mentionner les lumières. Avec L’Impératrice, on a un spectacle sons et lumières. Dès leur entrée en scène, on ne distingue que six silhouettes floues, un cœur fluorescent sur la poitrine. Du bleu, du rouge, des éclairs argentés soulignent le feu d’artifice sonore, comme les boules à facettes d’une discothèque.
Le public ne s’y est pas trompé : en tapant des pieds et des mains pour un rappel, on a cru que le premier balcon n’allait pas y résister. Le feu d’artifice sonore s’est achevé par une rencontre entre les artistes et les fans après le concert. Rencontré juste avant de rejoindre ses collègues, le claviériste Charles Dugros de Boisseguin nous a confié qu’Agen et son théâtre – une première pour eux- étaient arrivés presque par la force des choses dans leurs dates de tournée. « On aime bien aller dans des endroits qu’on ne connaît pas du tout ». Et ils en ont vu. Leur tournée mondiale leur a notamment permis de découvrir les Etats-Unis et le Mexique. « Là-bas, on nous considérait plus comme un groupe », commente le claviériste. « En France, chaque spectateur va s’identifier plus facilement à un membre, c’est assez français. Là-bas, on nous voyait davantage comme une entité. »
Et pour finir, un mot pour décrire le public agenais ? « Très surprenant. Bienveillant ».