Habituellement, en cette période du mois de juin, les ateliers sanflorains de BL Illuminations sont sous pression. Jean-Louis Besse est sur le qui-vive pour apporter les dernières touches aux spectacles pyrotechniques des mairies et autres comités des fêtes, commandés des mois plus tôt, et ses artificiers sont tout autant occupés à préparer le matériel. Un travail de longue haleine et qui nécessite une attention et une vigilance de tous les instants, depuis la conception du show jusqu’au tir du feu d’artifice le jour J.
Vers une baisse du chiffre d’affaires de 40 %
Mais cette après-midi-là, seul Jean-louis Besse occupe les lieux, serein et calme, dans un silence rare. « D’habitude, c’est une ruche ici. Là, on entend les mouches voler ». Car si l’entreprise a bien rouvert ses portes le 2 juin, après plus de deux mois d’inactivité suite aux mesures gouvernementales et la suppression de toutes ses manifestations programmées en avril, mai et juin, la plupart de ses donneurs d’ordres ont annulé leurs festivités, à commencer par les traditionnels feux d’artifice du 14 juillet.
En juillet et août, on tire environ 120 feux dans le Cantal, mais aussi la Haute-Loire, la Lozère, l’Aveyron, l’Allier, le Puy-de-Dôme et dans quelques stations de ski.
Deux gros mois pour l’entreprise sanfloraine qui vont peser lourd dans les comptes de la société qui affiche déjà une perte de 10 % sur son chiffre d’affaires annuel, depuis le 16 mars jusqu’à fin juin.
La plupart des collectivités ont annulé leur feu d’artifice du 14 juillet.
50 % des dates ont été annulées sur la période estivale et l’autre moitié est en stand-by, « suspendue aux choix des comités des fêtes qui n’ont pas de trésorerie pour financer leurs animations car ils n’ont pas pu organiser leurs bals, buvettes et autres activités durant plusieurs mois, et en attente des arrêtés préfectoraux », explique Jean-Louis Besse. « Au jour d’aujourd’hui, je n’ai rien de signé », poursuit-il.
Et si les annulations continuent à affluer sur le bureau de Jean-Louis Besse, BL Illuminations enregistrera alors une perte de 40 % de son chiffre d’affaires sur l’année.
Difficilement rattrapable
« C’est catastrophique et ça ne sera pas rattrapable », affirme-t-il, avouant cependant « avoir bien passé le cap. Car, nous avons la chance, contrairement à certains confrères qui ne travaillent que l’été, d’avoir une double activité : 50 % l’été et 50 % l’hiver, avec la pyrotechnie mais aussi les éclairages de Noël et les événementiels. On a aussi deux très bons bilans depuis deux ans, ce qui nous assure un fonds de trésorerie important ». « Et puis, continue-t-il, on perdure aussi car on n’a pas eu besoin de négocier nos prêts bancaires. Nos banques nous ont proposés, d’elles-mêmes, d’étaler les échéances et notre assurance nous a fait une ristourne ».
Seul bémol, « notre assurance anglaise de responsabilité civile que l’on paye chaque année en janvier, février et mars, selon le nombre de feux qu’on tire, [environ 160, ndlr], n’a, elle, pas été revue à la baisse. Alors ça, ça fait mal ».
Au jour le jour
Mais Jean-Louis Besse reste fataliste. « Moi, j’ai fait le choix de ne pas contacter les mairies et les collectivités, pendant cette période du confinement, et je ne veux pas les forcer à organiser leurs festivités à tout prix, car je pense qu’il y a d’autres priorités et qu’ils ont bien d’autres choses à faire et à penser », explique-t-il.
« Ce manque de perspectives nous oblige une gestion au jour le jour, reprend-il. Mais, malgré le peu de visibilité qu’on a sur le futur, je suis capable de répondre à la demande d’un feu pour le 14 juillet ». Car Jean-Louis Besse n’est pas resté les deux pieds dans le même sabot durant trois mois et a ainsi deux shows prêts sous le coude. « Moi qui suis toujours à l’arrache, avoue-t-il, j’en ai profité pour finaliser les dossiers. Mais de toute façon, j’ai en permanence l’esprit en ébullition, j’ai toujours la tête dans la création ».
Des projets, il a en aussi toujours plein la tête. À l’image de celui qu’il mûrit depuis cinq ans, pour diversifier encore son entreprise et lui assurer un complément d’activités, dont il ne veut pour l’heure encore rien dévoiler. « C’est un gros projet qui verra le jour début septembre et que je n’avais jamais eu le temps de préparer. Le confinement m’a permis de bien cadrer les choses, de faire les études… », explique-t-il.
Isabelle Barnérias