Ni bal, ni musique ! La fête nationale a pris du plomb dans l’aile. Le Covid-19 a mis le feu aux poudres… La grande majorité des villes de France est privée du traditionnel feu d’artifice. Les grands rassemblements de public interdits, l’embrasement des cités est un champ de mines en ruine.
120 feux d’artifice désamorcés
A la sortie d’une morosité ambiante, ça aurait pu donner des étoiles dans les yeux… Le 14 juillet 2020 risque hélas de sentir le « pétard mouillé ».
« C’est une année noire pour les artificiers », lâche Denis Lagrange, professionnel qui a racheté « Bugat Pyrotechnie » en 2016 à Villeneuve. Une entreprise familiale lot-et-garonnaise, vieille de… 134 ans !
Un tsunami a balayé toutes les commandes. « D’ordinaire, nous organisons 250 prestations durant l’été. Entre les 13 et 14 juillet, nous tirons 120 feux d’artifice, grâce à nos employés et saisonniers. Quel désastre, c’est cuit jusqu’à fin août.
Un préjudice énorme
Qui se soucie de notre avenir? Personne. Les pouvoirs publics relayent des messages contradictoires, flous. Avec des « si », comment voulez-vous que je puisse avoir une perspective, une visibilité ?
Au soir du 1er tour des élections municipales, tout s’est arrêté brutalement pour ma société. Sans installation des Conseils et désignation des maires, ça n’a fait qu’aggraver la situation.
Mes cinq employés sont au chômage. Le préjudice est de l’ordre de 500.000 €. Le dépôt regorge d’un arsenal de fusées, de feux de Bengale, d’assemblages d’éléments… Et rien ne sort. C’est une catastrophe. »
Trop de risques dans l’empressement
Les facteurs climatiques peuvent parfois impacter l’activité des artificiers. « Je pense à la canicule et la sécheresse de 2003. Dans le cas présent, la situation est pire. Pour essayer de résister, j’ai sollicité un soutien à ma banque, un Prêt garanti d’État de 250.000 € », rajoute Denis Lagrange.
Et si, soudain, les appels d’offre venaient à se relancer?
« Je refuserais toute proposition d’organiser un spectacle dans l’urgence. Nous exerçons un métier à risque. Il exige un grand sérieux, un grand professionnalisme dans la préparation, dans la manipulation. L’empressement ne ferait qu’accentuer les facteurs humains, le risque d’une négligence. Je tiens à la sécurité de mes employés, du public. »
La Garonne plongée dans le noir
Toute la profession est touchée de plein fouet par la crise économique.
A Marmande, la commune s’adresse à un autre artificier. Le maire Daniel Benquet l’a annoncé : « le feu d’artifice n’aura pas lieu le 14 juillet. Probablement sera-t-il repoussé? »
Après cette annonce du 14 avril, il n’y a pas eu d’information complémentaire à ce sujet. Au stade de la réflexion, il serait à l’étude une autre fête à l’automne… Qui sait, des fusées illumineront peut-être le ciel marmandais?
Gratuit et populaire, le feu d’artifice fait partie du patrimoine français!