Depuis samedi matin quinze artificiers s’affairent autour des vingt et un radeaux et des trois barges d’où partira ce soir le feu d’artifice 2014 entièrement dédié à Claude Nougaro.
Sur le quai Viguerie, Amar, Fabien et Jean-Pierre Costes, artificier en chef chez Lacroix Ruggieri, connectent des dizaines de contacteurs noirs à des dizaines de mètres de fil pyrotechnique orange. Puis les fils sont reliés à un module lui-même couplé à un boîtier HF. L’opération terminée, ils passent au suivant des vingt et un radeaux hérissés de mortiers noirs et orange alignés comme à la parade en bord de Garonne. Sur le fleuve le zodiac de l’entreprise remorque une des trois grosses barges d’où partiront les plus grosses pièces. «Mais cette année, prévient Jean-Pierre Costes, il n’y aura pas de gros calibres, car le feu tiré depuis la Garonne est trop près du public.» Pas de fusées motorisées donc, mais des bombes et des chandelles qui exploseront à des hauteurs comprises entre 20 m et 100 m au-dessus de l’eau. Pour compenser le feu 2014 s’étalera sur 500 mètres à raison d’un radeau tous les 25 mètres encadrés par les deux grosses barges amarrées entre le pont Neuf et le pont Saint-Michel. «C’est mieux que le Trocadero à Paris dont la façade ne doit pas dépasser 200 m», plaisante Amar.
Les quinze artificiers sont à pied d’œuvre depuis samedi matin. Habitués à bourlinguer d’un bout à l’autre de la planète au gré des inaugurations d’entreprises ou des grands événements comme l’ouverture du Mondial de foot à Dubaï en 2018 pour laquelle Lacroix Ruggieri a reçu commande, ils branchent et testent chacune des séries de pièces avec une décontraction toute professionnelle. Leur boulot consiste à mettre en œuvre le spectacle pyrotechnique imaginé en studio par David Proteau le directeur artistique de ce feu 2014 entièrement dédié à Claude Nougaro. Sur la Prairie des Filtres, une autre équipe s’affaire autour du montage de la régie installée à côté de la grande scène. Car les feux d’artifice modernes ne connaissent ni briquet, ni allumettes. Une fois la mise en place du feu terminée, les artificiers n’ont plus qu’à veiller à la sécurité du public. Mais c’est l’ordinateur relié par liaison HF aux 21 radeaux et aux trois barges qui donnera ce soir les 2 178 instructions de tir. «2 178 instructions de tir ne veut pas dire 2 178 pièces tirées. Car pour une seule instruction il y en a souvent 21 une qui partent ensemble», précise Jean-Pierre Costes, qui reconnaît aussi ne pas connaître le décompte exact des pièces fichées dans la forêt des mortiers qui donnent aux radeaux des aires de machines infernales.
Ce lundi matin a débuté la rotation des radeaux entre le port Viguerie et le poste de tir qui leur est assigné au milieu du lit du fleuve. C’est l’avant dernière étape d’un long travail d’équipe commencé au printemps et qui prendra fin ce soir avec le retour des radeaux et des barges, leur démontage et le rembarquement de tout le matériel dans le grand semi-remorque. Il aura fallu en tout, l’équivalent d’un mois de travail complet à sept personnes pour faire vivre ce feu d’artifice 2014.