Festival de Cannes : quelles furent les grandes tendances ?

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Par
Emily Barnett, Bruno Deruisseau, Marilou Duponchel, Jacky Goldberg, Jean-Marc Lalanne, Théo Ribeton

Zombies

On les attendait de pied ferme, ils avaient été annoncés comme le motif structurant de cette édition : les zombies furent présents cette année à Cannes, en masse, a priori du bon côté de l’écran (quoique certains festivaliers, croisés hagards et titubants au petit matin, rentrant de soirée, nous firent douter). Envahissant de nombreux films, de façon littérale (The Dead Don’t Die de Jim Jarmusch, Zombi Child de Bertrand Bonello, Atlantique de Mati Diop), parfois plus imagée (les ermites coréens de Parasite de Bong Joon-ho ou tunisiens de Tlamess d’Ala Eddine Slim ; l’armée de morts-vivants de Cosa Nostra dans Le Traître de Marco Bellocchio), voire carrément symbolique (les personnages de Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino, au fond déjà morts quand le film commence et qu’il va s’agir de ramener à la vie), le zombie aura joué à plein son rôle de mauvaise conscience (de classe), de rappel d’une hypothèse devenue doxa à force d’être martelée dans les médias, et balancée telle quelle dans le film de Jim Jarmusch : « Tout ça va mal finir. » Peut-être. Sans doute. Mais en attendant : feu d’artifice.

Possession

Mais c’est dans le titre d’un autre film que cette zombification généralisée trouve sa formulation la plus simple : J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, le film d’animation de la Semaine de la critique. Le trajet d’une dépossession de son propre corps, c’est le récit de The Dead Don’t Die et de Zombi Child. Si dans le cas de ce dernier le corps d’une adolescente est possédé par une légende haïtienne, les corps des zombies du premier sont possédés par leur passé de consommateur, par l’esprit du capitalisme en somme. On retrouve ce motif de la possession dans d’autres films du festival. Dans Little Joe de Jessica Hausner, ce même esprit du capitalisme pousse une phytogénéticienne à développer une plante qui rend heureux, mais dont les effets secondaires effacent les aspérités de la personnalité de qui sent son parfum. Leurs corps sont possédés par l’esprit de préservation de la plante. Dans Les héros ne meurent jamais d’Aude-Léa Rapin, un jeune homme est convaincu d’être possédé par l’esprit d’un soldat mort pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine. Enfin, dans Atlantique, des ouvriers morts en mer prennent possession du corps de leurs compagnes et réclament justice auprès du patron malhonnête de leur dernier chantier.

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