Une véritable marée humaine. C’est l’impression qu’on a de la foule présente à Saint-Sébastien les soirs de Semana Grande. Cela commence à Hendaye, à la station départ de l’EuskoTren qu’empruntent les Français pour passer la frontière et atterrir à Saint-Sebastien.
Une file de 150 mètres qui s’étire devant le comptoir. Ça continue à la sortie de la gare donostiar : hormis les quelques gourmands qui s’égarent en route, happés par les bocadillos de la gare – étonnamment bons pour un tel lieu de passage -, la foule s’engouffre dans les rues paisibles de Saint-Sébastien pour aller se masser autour et sur la plage de la Concha.
Concours de feux d’artifice
C’est le même rituel tous les soirs : les habitants et les touristes venus profiter des fêtes se donnent rendez-vous sur la plage. Ils s’assoient sur des centaines de petites chaises dépliables et attendent patiemment l’attraction de la journée : le feu d’artifice qui illuminera toute la baie pendant une vingtaine de minutes.
Les premiers feux sont tirés, la foule retient son souffle. Samedi dernier, c’est le groupe Pirotecnia Zaragoza qui était en lice pour tenter de remporter le titre de meilleur artificier de ce concours international.
Le feu terminé, les toros de fuego entrent en scène : six hommes jaillissent tels des fusées hors de l’hôtel Londres. Ceints d’un déguisement de taureau enflammé grandeur nature, ils foncent tête baissée dans la foule qui s’éparpille en poussant des cris d’orfraie. Repue de son et de lumière, les familles rentrent coucher les enfants, tandis que le reste se dirige vers la vieille ville pour profiter des concerts et orchestres variés.
Classique soirée de Semana Grande, une semaine de fêtes axées principalement sur l’artillerie, la musique et la tauromachie. Sauf cette année, point de corridas. En parcourant le programme 2013, on trouve de tout : des défilés de géants, des jeux pour enfants, des concerts de plein air et même une « guerre des meringues » organisées par une pâtisserie, mais la corrida ne figure pas à l’ordre du jour, supprimée par la nouvelle municipalité de sensibilité nationaliste.
À l’abordage
Programmation trop lisse ? Malgré l’épais fascicule résumant les événements de la semaine distribuée dans toute la ville, c’est l’avis des Donostiako Piratak. Fondés en 2002, ces « pirates », qui ne s’expriment qu’en basque, ont décidé de contre-attaquer et d’offrir leur propre programmation des fêtes.
« Les Pirates trouvaient que la mairie résumait les fêtes à des feux d’artifices, des toros de fuego et des géants. Ils ont décidé de proposer un programme alternatif, qui serait fait par et pour les habitants de Saint- Sébastien », explique un adhérent aux Pirates.
Ils l’ont dit, et ils l’ont fait : dans des quartiers plus retranchés de la ville, une fête alternative bat son plein. Hier, le public partait à l’abordage lors du « Donostia Abordatu ». Le concept ? Les équipes formées tentent de construire dans le port des radeaux de fortune munis de drapeaux de pirates avec tout ce qui leur tombe sous la main (planches, palettes, bidons…), avant de faire la course jusqu’à la plage de la Concha.
Le port se transforme en mer de radeaux, et les participants sautent d’une embarcation à l’autre. Une course qui se finit très souvent en jeu de quilles géant : la construction donne lieu à un joyeux fouillis et peu arrivent à destination secs et debout sur leur radeau de fortune.
D’un quartier à l’autre
Des célébrations alternatives qui ont pris tellement d’ampleur que la mairie a, depuis quelques années, reconnu officiellement les fêtes alternatives. Les Donostiako Piratak peuvent opérer au grand jour et disposent de l’aide des pouvoirs publics pour mettre leurs activités en place. Actuellement, chaque quartier de Saint-Sébastien dispose d’une association pirate, ce qui leur permet d’étendre les fêtes à « tous les quartiers de la ville : chacun des quartiers peut organiser sa version de la Semana Grande ».