propos recueilli par
«Biarritz aux couleurs du monde », tel est le thème des cinq créations originales qui vont illuminer le ciel biarrot cet été. Demain, à 23 heures, il s’agira de l’Europe, le 20, de l’Amérique, le 27, de l’Afrique. En août, le 3, l’Océanie s’invitera, et le 15, à 22 h 30, l’Asie conclura en beauté la série conçue par le directeur artistique de Lacroix-Ruggieri, David Proteau.
« Sud Ouest ». Pourquoi ce thème des cinq continents ?
David Proteau. Tous les ans, j’essaie de trouver une thématique susceptible d’être déclinée sur l’ensemble des cinq feux d’artifice biarrots. J’y réfléchis dès le mois d’octobre, avec le souci de développer à chaque fois un nouveau concept artistique et de ne jamais refaire deux fois la même chose, même si le public ne s’en aperçoit pas. J’ai trouvé logique de faire les cinq continents à Biarritz, puisqu’il y a cinq soirées. Si on en avait eu six, cela aurait été encore mieux ! Comme ça, j’aurais pu appeler un spectacle « Planète Terre », et y regrouper l’ensemble des cinq continents.
Dans « Couleurs du monde », chaque feu fait donc l’éloge d’un continent en particulier. Celui du 14-Juillet mettra par exemple à l’honneur l’Europe, et fera un énorme clin d’œil à la France en ce jour de Fête nationale.
Comment conceptualise-t-on un continent ?
Dans la vision du show, j’avais deux solutions. Soit respecter l’esprit de la thématique, soit faire autrement. Si j’avais fait le premier choix, j’aurais proposé finalement un feu de quinze minutes avec toujours les mêmes couleurs, ce qui n’aurait peut-être pas été d’un grand intérêt. J’ai donc préféré y ajouter d’autres couleurs et d’autres univers. Chaque feu mettra donc à l’honneur un continent, sans pour autant être sectaire et oublier les autres. Dans le détail, pour le feu européen, on est sur une dominante de couleurs primaires, à la fois simples mais très vivaces. L’Amérique se différencie par le style de tirs : ce sera assez bruyant et très aérien, comme l’est leur culture pyrotechnique. Pour l’Afrique, on verra plutôt des mosaïques et des couleurs chaudes. C’est un spectacle assez rythmé qui est, je trouve, une belle invitation au voyage. L’Océanie donnera à voir un show fluide et vaporeux avec pas mal de blanc et de bleu, mais il y aura aussi un très beau tableau hawaïen aux couleurs pastel.
Pourquoi terminer, le 15 août, par l’Asie ?
Ce continent domine, mais ce feu sera un peu la fusion de l’ensemble des cultures pyrotechniques du monde, notamment sur le final. Pour l’Asie, on va découvrir des bombes assez puissantes et aériennes, avec beaucoup d’effets « cracking », c’est-à-dire des effets sonores de craquements.
Pour les gens, cela peut paraître logique que je termine la série des feux par l’Asie, considérée, dans l’imaginaire collectif, comme le berceau de la pyrotechnie. C’est vrai, parce qu’ils ont inventé la poudre et que c’est là-bas que l’on trouve le plus d’usines pyrotechniques, mais c’est faux quand on regarde la qualité des produits, surtout chinois. Sur 250, il n’y en aura qu’un de bon !
En Asie, il n’y a en réalité qu’un pays qui est meilleur que n’importe quel autre dans le monde entier, c’est le Japon. Mais on ne peut pas utiliser de bombes japonaises à Biarritz, comme nulle part ailleurs sur Terre, parce qu’il est interdit de les importer. Les Japonais n’ont le droit de les exporter que s’ils sont invités à un festival d’art pyrotechnique, à condition que ce dernier soit officiel. Et quand c’est le cas, seuls les techniciens japonais peuvent voyager avec les produits et les mettre en œuvre.
Mais qu’ont ces produits de plus spécial que les autres ?
C’est incomparable ! Tout est fait à la main de façon très minutieuse. Ces produits sont fabriqués à des fins religieuses, ce qui explique qu’ils y mettent autant d’amour et de précision. Et évidemment, les Japonais n’ont pas envie que nous employons leurs bombes à des fins autres que religieuses. Si, un jour, vous avez l’occasion d’assister à un feu d’artifice au Japon, vous serez surprise de voir que, là-bas, on tire une bombe toutes les cinq minutes pendant deux heures ! Mais leurs feux sont tellement beaux, qu’on pourrait les comparer à un défilé de haute couture.