« Mon père, qui avait l’art d’encourager les passions de ses enfants, m’a laissé très tôt acheter des produits chimiques pour fabriquer mes feux. » De ses parents, simples commerçants, Jean-Éric Ougier, aujourd’hui star française du feu d’artifice, a hérité le culte de la fête. Adolescent, il passe son temps « à aller emmerder tous les artificiers de la terre. Je restais scotché près des barrières pour leur poser des questions, ils trouvaient ça sympa, me répondaient. » À 20 ans, son épouse le pousse à faire de cette passion un métier. Il termine tout de même des études de gestion, utiles pour créer Fêtes et Feux, une entreprise dont la vocation, trente ans après, est toujours, au-delà du feu d’artifice, d’organiser de grands spectacles complets, où fusionnent ses passions pour l’histoire, la musique, le théâtre, le ballet, l’opéra…
Dès ses débuts, il fait de bonnes rencontres, comme avec le journaliste télé Jean-Claude Bourret, contacté par hasard, qui lui procure, à l’occasion d’une fête de premier de l’an organisée pour son association de journalistes, une formidable promo. « Le feu d’artifice était plouc. J’ai reconquis les esprits en en faisant un spectacle à part entière. » S’ensuit un long parcours émaillé de prestigieux succès, comme au château de Versailles où il a réalisé son rêve, « recréer les spectacles totaux comme les faisait Louis XIV », et à la direction artistique des fabuleuses Nuits de feu de Chantilly, pendant douze ans.
Pour le 14 Juillet à la tour Eiffel, dont le thème imposé est « Liberté, égalité, fraternité », Ougier fera slamer Alain Decaux, puis dire, entre des séquences musicales endiablées, des textes par Dussollier, Macha Méril ou Stéphane Bern, « des copains », pour trente-sept minutes de feu d’artifice… avant de se consacrer au spectacle du domaine de Saint-Cloud, le 7 septembre. En collaboration avec Patrick Jolly, un producteur passionné de feux qui l’aide à réaliser ses rêves les plus fous, il prépare une heure quarante de spectacle total et libre, « le plus grand feu d’artifice d’Europe », dédié cette année à André Le Nôtre.
« Les oreilles de Mickey vont devenir magiques »
Ben Spalding, lui, n’est pas né avec le feu. Il l’a conquis lentement, mais avec talent pour devenir production manager. C’est lui qui veille sur Disney Dreams !, un fabuleux spectacle où se rencontrent projections, animations, pyrotechnie, musique, et grandes eaux sur le château de la Belle au bois dormant, tous les jours à la fermeture du parc, pour tous les visiteurs. « J’avais fait des études pour travailler dans l’hôtellerie en Irlande, raconte-t-il, je suis venu en France, et j’ai rencontré ma femme, qui rêvait de travailler chez Disney. Nous avons été engagés ensemble, et avons tout fait, de maître-nageur aux parades… » Vingt ans plus tard, Ben met en œuvre les rêves les plus fous de l’équipe artistique de la firme américaine. Pour Disney Dreams !, conçu exclusivement pour les 20 ans du parc français, il a eu sept mois, et 200 personnes, sans compter les renforts ponctuels des Américains.
« Nous cherchons toujours à faire des choses que personne ne fait, s’enthousiasme-t-il, on développe sans cesse des réponses techniques pour réaliser les idées artistiques les plus folles. » La nouveauté, ce sont les light ears, des paires d’oreilles de Mickey équipées d’un système infrarouge, que les visiteurs du parc peuvent désormais acheter pour interagir avec le show. Des centaines d’oreilles prennent ainsi, dans le noir, des couleurs qui changent selon l’endroit et le moment du spectacle. Ultime joie pour Ben : « L’installation de Disney Dreams ! est pérenne. Après la fin du show, fin septembre, nous aurons toujours cette fabuleuse boîte à jouets ». Ben pense que la technologie utilisée pour les light ears recèle des possibilités « sans fin. On va pouvoir faire des effets de magie en direct. Je ne peux pas encore vous en parler, mais ça me donne plein d’idées passionnantes… »
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