Comme le secteur du tourisme, qui souffre de la chute du nombre de visiteurs étrangers, les professionnels de la pyrotechnie s’inquiètent des conséquences des attentats sur leur activité. Le marché des feux d’artifice en France est estimé à plus de 30 millions d’euros. À la suite de l’attentat de Nice, qui a frappé le pays en pleine fête nationale du 14 juillet, des annulations de feux d’artifice ont été décidées les unes après les autres dans plusieurs villes pour raisons de sécurité. Les suppressions ont surtout concerné des communes qui déploient un budget assez important pour leur spectacle. Si le prix moyen s’élève à environ 2500 euros, il peut monter jusqu’à 100.000 euros pour certains feux d’artifice.
«Le nombre d’annulations est faible mais l’impact sur le chiffre d’affaires des fabricants sera proportionnellement beaucoup plus important», explique à l’AFP Jean-Frédéric Dartigue-Peyrou, secrétaire général du Syndicat des fabricants d’explosifs, de pyrotechnie et d’artifices (SFEPA).
En France, entre 10.000 et 12.000 feux d’artifice sont tirés chaque année, dont une multitude dans des petites communes. Environ 60% des manifestations ont lieu les 13 et 14 juillet, selon le syndicat. «Il ne faut pas juste regarder la taille des villes mais aussi l’attractivité du feu dans ces villes touristiques, où la population est multipliée par trois ou quatre, voire plus pour les stations balnéaires», a précisé Jean-Frédéric Dartigue-Peyrou. Or, ces communes ne disposent pas toujours des moyens matériels et financiers nécessaires pour sécuriser des grands événements.
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De leur côté, les artificiers n’ont pas de marge de manoeuvre pour faire en sorte qu’un spectacle soit maintenu. «On prévoit de tirer un produit de tel calibre à tel endroit dans un périmètre de sécurité et nous assurons la sécurité de ce côté-là de la barrière, mais de l’autre côté, ce n’est pas de notre ressort», a souligné Jean-Louis Morancé, dirigeant de Prestatech. La société, qui assure une cinquantaine de feux par an pour un chiffre d’affaires de 500.000 euros, n’a pas été affectée par les annulations jusqu’à présent.
En cas de suppression, «il y a des dédommagements, ils varient énormément d’une ville à l’autre mais cela ne comble pas» le manque à gagner, résume Jacques Couturier, président du groupe Artifices JCO. Son entreprise aurait dû notamment assurer le feu d’artifice de La Baule, annulé par la mairie pour ne «faire prendre aucun risque» au public.
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L’entreprise Fêtes et Feux a également été touchée par les annulations. Elles représentent en août une baisse de 10% de son chiffre d’affaires. «Il faut aller de l’avant et continuer à travailler pour gagner des marchés mais ce qui est perdu, on ne le rattrape pas», commente Bertrand Julhès, PDG de la société.
L’export, principal relais de croissance
Il est encore trop tôt pour évaluer l’impact des annulations pour 2016. «L’incidence financière n’est pas catastrophique mais je crains qu’elle ne le devienne très rapidement, la tendance des annulations nous inquiète pour le reste de l’année», affirme Jacques Couturier, dont l’entreprise emploie 25 personnes à l’année et 30 saisonniers entre mars et septembre pour un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros.
Pour minimiser le poids des annulations en France, l’export se présente comme le principal relais de croissance pour les professionnels. Certaines sociétés sont déjà bien positionnées sur ces marchés, comme Ruggieri, leader en Europe, qui compte plusieurs filiales à l’étranger.
(AFP)